RMC
Travail

Loi Travail: "Montrer à ceux qui manifestent que la gauche, même au gouvernement, sait entendre"

Le très contesté projet de loi Travail arrive mardi à l'Assemblée (illustration)

Le très contesté projet de loi Travail arrive mardi à l'Assemblée (illustration) - AFP

Le très contesté projet de loi Travail arrive mardi à l'Assemblée pour deux semaines d'un examen sous pression de la rue, alors que plane la menace du 49.3 pour imposer son vote. Car au sein même de la majorité le texte fait débat.

A un an pile de la présidentielle de 2017, le projet de loi Travail est examinée à l'Assemblée à partir de ce mardi. Et cela s'annonce très long puisque 5.000 amendements ont été déposés. Il faut dire que les enjeux du texte dépassent le fond pour devenir un symbole, pour tous les partis politiques. Dès lors le vote devrait être très serré. D'un côté, la droite et le Medef accusent le gouvernement d'avoir vidé le projet de loi de sa substance, de l'autre, les frondeurs socialistes ont indiqué dès lundi, qu'en l'état, qu'il n'était "pas votable".

"Il reste des points de désaccords"

Selon le député PS Christophe Sirugue, rapporteur du projet, il manque "près de 40 voix" pour que le texte soit adopté à l'issue des débats. Toutefois le député PS de Saône-et-Loire estime que le vote n'est pas impossible. "Un certain nombre de collègues ont encore des interrogations ou même des critiques sur le texte. Et c'est bien l'examen de ce texte qui va nous permettre de réduire le nombre de sceptiques", assure-t-il sur RMC avant d'indiquer: "Il reste des points de désaccords. J'ai moi-même déposé des amendements et donc nous avons encore des discussions avec le gouvernement pour faire bouger ce texte".

Pourtant le projet de loi a déjà été beaucoup modifié, amendé par le gouvernement lui-même, et en commission des affaires sociales. Sauf qu'il reste encore beaucoup de travail à faire pour satisfaire toute la gauche, et notamment l'aile gauche du PS. C'est le cas par exemple de François Lamy, député PS de l'Essonne et proche de Martine Aubry, qui attend un geste du gouvernement. "En l'état actuel du texte, je ne peux pas le voter", certifie-t-il. La raison? "Il faut que ça bouge sur la question de la hiérarchie des normes et sur la question du licenciement économique".

"Le droit aux parlementaires à débattre"

"Il y a donc beaucoup d'interrogations et j'invite donc le gouvernement à mettre l'expression du débat entre nous parce que ceux qui manifestent dans la rue sont, pour la plupart, des gens qui ont voté pour François Hollande, qui attendaient beaucoup de lui, poursuit-il. Je crois qu'il n'est pas inutile de leur montrer que la gauche, même au gouvernement, sait entendre. De son côté, Razzy Hammadi, député PS de la Seine-Saint-Denis et porte-parole du parti, appelle les frondeurs à ne pas jouer l'obstruction à l'Assemblée.

"Je veux qu'on laisse le droit aux parlementaires à débattre. Je le souhaite mais en même temps il faut le faire de manière honnête, estime-t-il. Parce que si on débat pendant des heures et des heures, voire des semaines, et si c'est pour que certains, y compris malheureusement dans le camp de la gauche, savent déjà qu'ils vont s'opposer au texte, la question de l'utilité du débat se pose. Si on est des postures politiciennes, on n'est pas sur des enjeux politiques".

Maxime Ricard avec Jean-Baptiste Durand