Mercosur, trésorerie, simplification... Pourquoi les agriculteurs se mobilisent à nouveau

Les agriculteurs sont de nouveau de sortie ce lundi. Une mobilisation nationale à l'appel du premier syndicat agricole, la FNSEA, soutenue par les Jeunes agriculteurs. Un mouvement qui reprend à une date symbolique, à l'occasion du G20, où le traité de libre-échange avec le Mercosur doit être discuté, au Brésil.
Des actions locales ont commencé dès ce week-end dans la Marne, en Charente, dans le Nord, ou encore dans les Landes, notamment. Et puis également en Île-de-France sur la RN 118 à Vélizy-Villacoublay, où un convoi a défilé ce dimanche soir. Ils étaient environ 150. Certains y ont même passé la nuit. Entre dimanche et lundi, ce sont plus de 80 actions qui seront menées un peu partout en France.
S'ils ont obtenu des choses grâce à leur mobilisation de l’an dernier, les agriculteurs estiment que la plupart des promesses faites par le gouvernement au printemps n'ont pas été tenues.
Selon eux, deux tiers des engagements pris par le gouvernement au printemps dernier n'ont toujours pas été mis en œuvre, d'après la FNSEA. Il y a bien eu des avancées: la taxe sur le gazole non-routier n'a pas augmenté, les aides européennes ont été versées de manière plus efficace cette année… Mais les agriculteurs en attendaient plus, notamment après les promesses d'avances de trésorerie qui devaient soulager les exploitations. "Pas un centime de prêt n'est arrivé dans les fermes" déplorait dimanche le patron de la FNSEA.
Une mobilisation suivie de près par le gouvernement
Le choc de simplification tant attendu n'est toujours pas au rendez-vous et beaucoup d'agriculteurs dépeignent un quotidien toujours aussi contraint, malgré des visites de contrôles moins nombreuses. L'un d'entre eux donne l'exemple de documents, indispensables pour valider un dossier. Mais ce sont quatre à cinq heures de travail pour simplement respecter une procédure et produire des papiers qui ne sont finalement que rarement étudiés par l'administration...
Cette mobilisation d'ampleur est, en tout cas, suivie de près par l'exécutif. En déplacement en Amérique du Sud, Emmanuel Macron a tenté de "rassurer" les agriculteurs après son échange avec le président argentin Javier Milei. Le chef de l'Etat affirme que la France va "continuer à s'opposer" à l'accord avec le Mercosur. Selon lui, le texte n'est pas signable "en l'état".
Cette mobilisation des agriculteurs se retrouve au centre des attentions de Michel Barnier. Le Premier ministre a reçu les syndicats agricoles ces derniers jours pendant que la ministre de l'Agriculture enchaînait les déplacements et les annonces. "On a tout mis sur la table" résume une conseillère gouvernementale. Sauf que tout cela est loin de calmer la colère des agriculteurs.
Et cela ne surprend pas un ancien ministre de l'Agriculture: "On ne peut pas seulement colmater les brèches, il faut des réponses à plus long terme". Alors, le gouvernement veut laisser s'exprimer l'exaspération, conscient aussi que l'opinion publique est pour l'instant du côté des agriculteurs. Avec une seule limite fixée par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau: éviter le blocage du pays.