Michelin, Auchan: inquiétude sur les plans sociaux à venir

Michelin et Auchan ont annoncé à eux deux plus de 3.600 suppressions d’emplois. Est-ce qu’il y a des causes communes à ces licenciements? Pas tant que ça. Auchan est victime de ses difficultés à s’adapter aux bouleversements que subit le secteur de la distribution. Des magasins trop grands, des prix trop élevés, un actionnariat trop peu réactif, le virage du digital raté... Résultat: des parts de marché perdues, au profit de Leclerc notamment.
Michelin souffre lui de la crise historique qui frappe tout le secteur automobile européen, sous la pression notamment de la concurrence chinoise. L'équipementier automobile allemand Schaeffler a annoncé lui aussi 4.700 suppressions d’emplois en Europe.
Est-ce qu’il faut voir dans les difficultés de Auchan et Michelin le début d’une longue liste de plans sociaux? C’est ce qu’on constate, malheureusement. Il y a d’abord plus de plans de sauvegarde de l’emploi, la partie la plus visible de l’iceberg, la plus encadrée par la loi. Avec 180 fin octobre selon la CGT, qui n’en recensait que 132 en mai. Les ruptures conventionnelles, quand il n’y a pas de PSE, sont également en hausse. Et surtout, les défaillances d’entreprises augmentent rapidement: près de 640.000 sur un an en septembre, 25% de plus qu’il y a un an.
L’explication: moins de commandes, des trésoreries plus tendues, des taux d’intérêt plus élevés, des aides à rembourser.
Le chômage en hausse?
Pour l’instant, ça ne se voit pas encore dans les chiffres du chômage. Mais en 2025, l’économie française détruirait 150.000 emplois selon l’OFCE. Une première depuis 2012.
Que peut faire le gouvernement? Il va être sous pression sur deux fronts. Le premier, c’est celui de sa capacité à empêcher ses licenciements. Michel Barnier a bien évoqué le contrôle de l’argent public qui leur a été donné, mais sans grande conviction. Et le gouvernement n’a pas de prise sur deux groupes totalement privés. C’est déjà à la suite à des licenciements chez Michelin que Lionel Jospin avait sorti en 1999 son célèbre "l’Etat ne peut pas tout".
Deuxième front: celui de sa politique économique de rigueur, qui met à contribution les entreprises, notamment les petites. Et risque donc de les fragiliser davantage à un moment critique. Et là, la pression risque d’être forte pour lâcher du lest, ce qui reviendrait à renoncer à la réduction des déficits publics.