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"Pas juste des règles douloureuses": Carrefour donne un jour de congé par mois pour l'endométriose

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Le groupe Carrefour va accorder un jour de congé par mois à toutes ses salariées atteintes d'endométriose, sur présentation d'un certificat. Cette maladie, qui touche 10% des femmes en âge de procréer, provoque de fortes douleurs, rendant difficile le travail.

Une première en France. Chez Carrefour, les salariées atteintes d'endométriose, pourront bénéficier d'un jour de congé par mois. Le groupe de grande distribution a annoncé ce mercredi 12 jours d'absence supplémentaires par an sous condition de présentation d'un "document attestant la situation de handicap reconnu par l'entreprise (Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), carte d'inclusion ou attestation d'invalidité délivrée par la CPAM)", assure la direction dans un communiqué. Une condition qui représenterait une limitation très importante selon l'AFP, les femmes ayant fait ces démarches longues et compliquées étant peu nombreuses.

Pour l'instant, la mesure ne concerne que la France mais le groupe, qui emploie 200.000 femmes à travers le monde, aimerait pouvoir l'étendre à d'autres pays, notamment l'Italie et l'Espagne dans un premier temps: "Nous avons l'espoir secret que cette décision porte au-delà de Carrefour, qu'elle ait un effet d'entraînement, que d'autres entreprises s'en emparent", a assuré le PDG du groupe Alexandre Bompard, assurant que le coût additionnel de cette mesure "n'était pas un sujet pour Carrefour".

1,5 à 2,5 millions de Françaises touchées

L'endométriose, une maladie gynécologique chronique qui touche 1 femme sur 10 en âge de procréer, soit environ 1,5 à 2,5 millions de femmes en France, peut provoquer de fortes douleurs notamment lors des règles: "Ce n'est pas juste des règles douloureuses: vous ne pouvez pas marcher, vous ne pouvez pas vous lever, vous ne supportez rien et vous pouvez presque tomber dans les pommes", témoigne ce mercredi sur RMC et RMC Story Séverine, chargée de communication et atteinte d'endométriose

"Ça a l'air d'être une bonne idée mais dans les faits, ça va porter préjudice aux femmes", croit savoir Fred Hermel ce mercredi sur le plateau d'Estelle Midi qui craint de voir les femmes être discriminées à l'embauche.

Que nenni assure Séverine: "La discrimination, quand vous avez une endométriose, vous la vivez. Vous la vivez parce que ça se voit, vous êtes malades tous les mois pendant 5 jours pendant 25 ans. J'ai fini par entendre dire que j'étais une salariée à la santé fragile. Je n'ai pas pu progresser, j'avais la double peine, ça se voyait et j'étais obligée d'aller bosser en me shootant avec des médicaments à haute dose", raconte-t-elle, saluant la décision de Carrefour.

"Une évolution très forte"

"Cela aspire aux nouvelles organisations du monde du travail, c'est une évolution très forte", salue de son côté Thibault Lanxade, chef d'entreprise et ancien vice-président du Medef. "C'est un sujet qui doit être pris en charge par les partenaires sociaux", appelle-t-il, plaidant pour des discussions entre organisations syndicales et patronales. "Il faudra bien sûr être attentif aux difficultés que pourront rencontrer les managers et faire attention aux éventuelles discriminations", souligne Thibault Lanxade qui rappelle cependant que "toute population peut avoir des difficultés".

Cette décision de Carrefour intervient après la mise en place de congés menstruels dans certaines entreprises et collectivités notamment à la mairie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ou au sein de cette société toulousaine de meubles.

Les députés écologistes notamment Sandrine Rousseau et Sébastien Peytavie veulent déposer une proposition de loi pour généraliser la pratique, alors que l'Espagne vient d'adopter une telle loi en février dernier.

G.D.