"Une espèce de trader hors de contrôle": Sandrine Rousseau s'en prend à Emmanuel Macron
Sandrine Rousseau n'attend rien de l'interview présidentielle prévue ce mercredi. Invitée de RMC et BFMTV ce mercredi, la députée EELV a accusé Emmanuel Macron de chercher "le pourrissement ou l'incident", alors que le chef de l'Etat a d'ores et déjà annoncé qu'il ne reviendrait pas sur la réforme des retraites, adoptée après un énième 49.3 à l'Assemblée nationale et une motion de censure rejetée à seulement neuf voix près.
"C'est une stratégie dangereuse", a ajouté Sandrine Rousseau. "Il cherche le pourrissement comme il l'a fait avec les gilets jaunes. Il est incapable de se remettre en question. Il va encore nous dire qu'il y a une nouvelle méthode, qu'il faut faire preuve de pédagogie", a-t-elle prédit avant l'allocution présidentielle.
"Il va dire qu'il a mal expliqué, que nous n'avons rien compris, que nous sommes des imbéciles et que lui dans sa grande puissance et intelligence a tout compris", a ajouté l'écologiste, qui demande le retrait de la réforme, la dissolution de l'Assemblée nationale et un remaniement gouvernemental.
Le gouvernement retranché "dans une tour d'ivoire"
Pour Sandrine Rousseau, la réforme des retraites est une réforme "pour les marchés financiers". "On a l'impression qu'Emmanuel Macron est une espèce de trader hors de contrôle et la société n'arrive plus à contrôler celui qu'elle a élu à la tête de l'Etat", lance-t-elle.
Et alors que l'Elysée et la Première ministre Elisabeth Borne saluent une "victoire" malgré un nouveau 49.3 et le rejet de la motion de censure à neuf voix près, Sandrine Rousseau y voit de l"'arrogance". "S'ils étaient allés au vote sur les retraites, qu'ils avaient perdu, on passait à une autre séquence politique", estime-t-elle, ajoutant qu'elle aurait eu du respect pour le gouvernement "parce qu’ils auraient osé".
"Ils sont dans une forme de retranchement dans une tour d'ivoire, aveugle et sourde à ce qu'il se passe à l'extérieur. Le respect, c'est d'affronter les difficultés, ils ne les affrontent pas, ils fuient par le 49.3 qui est une fuite de la démocratie. Ils fuient de manière constante depuis qu'ils ont été élus", tacle Sandrine Rousseau.
"Des feux de poubelle, c'est spectaculaire mais il n'y pas de casse"
Si Emmanuel Macron a estimé mardi que "la foule", n'avait "pas de légitimité face au peuple qui s'exprime souverain à travers ses élus", Sandrine Rousseau déplore l'utilisation du terme "foule". "Nous ne sommes pas une horde de sauvages, nous sommes un mouvement social, pacifique, enthousiaste, massif, qui ne veut que le retrait de la réforme et ça se respecte", clame l'écologiste.
"Les personnes qui sont dans les rues sont des personnes qui ne cherchent qu'à vivre. Ce mouvement, je le trouve salvateur. Ce sont des manifestations joyeuses et pacifistes, il y a une joie de se retrouver. Écoutons la rue. (...) Il y a des feux de poubelle, c'est spectaculaire mais il n'y pas de casse", estime Sandrine Rousseau.
Macron, "monarque républicain" qui doit accueillir Charles III vendredi
En plein mouvement de contestation d'ampleur, alors que les rues de la capitale sont jonchées de déchets, que le carburant manque dans certains départements du Sud et que des manifestations spontanées ont lieu chaque soir dans de nombreuses villes, la France doit recevoir la visite du roi d'Angleterre Charles III. Le souverain est attendu ce vendredi et doit rencontrer Emmanuel Macron à Versailles.
Une première visite à l'étranger pour Charles III qui ne passe pas pour Sandrine Rousseau. "Macron, le monarque républicain, qui va recevoir Charles III pendant que le peuple dans la rue est en train de manifester, mais on se rend compte de l'incroyable déni de démocratie?", interroge-t-elle.
Questionnée sur une éventuelle annulation de cette visite, la députée EELV appelle "à annuler le projet de réforme des retraites" avant de concéder qu'il faudrait bien annuler la visite de Charles III. "Bien sûr, qu'il annule, est-ce que la priorité est de recevoir Charles III à Versailles? Non!", assure-t-elle.
"Il se passe quelque chose dans la société française. La priorité, ce n'est pas Charles III, c'est discuter avec cette société qui se soulève. Soulevons-nous, continuons à occuper les places, Charles III ou pas Charles III", conclut Sandrine Rousseau.