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Plus d’un petit patron sur deux gagne moins que le Smic: "On travaille plus pour gagner moins"

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D’après une enquête réalisée par le SDI, révélée par RMC ce mardi 8 octobre, 51% des “petits patrons” gagnent actuellement moins que le Smic. Une situation alarmante pour le syndicat des indépendants.

Un chiffre qui en dit long sur la santé fragile des très petites entreprises et de leurs dirigeants. D’après une étude, dévoilée par RMC en exclusivité ce mardi, plus d'un petit patron sur deux se paie moins que le Smic (soit 51%). C'est le résultat de ce baromètre du Syndicat des indépendants et TPE qui parait ce mardi. Cette proportion, plus de la moitié des dirigeants sous le Smic, c'est une première. 51% se paient donc moins que le Smic sur le troisième trimestre de 2024. C'était 47% sur l'année 2023.

Toujours d'après cette étude, 87% des répondants ne sont pas à la recherche de personnel, principalement à cause de niveau de charges sur les salaires (53%) mais aussi plus globalement à cause "de la situation économique" (44%). Et quand par miracle, ils recrutent, ils considèrent à 98% qu'il est "très difficile de trouver du personnel".

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"Tous les mois, l’État nous en prend de plus en plus"

Un basculement avec des conséquences très concrètes sur les dirigeants. Par exemple, cela fait 23 ans que Florence tient son garage, mais depuis quelques mois, assommée par les charges, cette patronne est passée sous le Smic.

“C’est la descente aux enfers. Tous les mois, l’État nous en prend de plus en plus en charge sociales”, témoigne-t-elle au micro de RMC.

À 61 ans, elle gagne un peu moins de 1.400 euros par mois pour 50h de travail par semaine: “Normalement, on travaille plus pour gagner plus, mais aujourd’hui, on travaille plus pour gagner moins”. Résultats, ses deux salariés, mécaniciens, gagnent plus qu'elle. “Eux, ils font 35h et pas une minute de plus”, assure Florence.

Dans ce contexte, il est impensable de recruter, et cette patronne a l’impression de basculer dans la pauvreté. "On ne peut plus s’acheter des chaussures, on ne peut plus aller chez le coiffeur, on ne peut pas aller au restaurant, ni partir en vacances. On n’a même plus les moyens de se soigner. Mais quand vous êtes pauvres, vous apprenez à vivre avec".

Fatiguée, elle projette de vendre son garage d'ici l'été. Pour le syndicat des indépendants, il est urgent de desserrer l'étau financier en assouplissant, par exemple, le prêt garanti par l'État contracté pendant le Covid.

“L’une de nos propositions consisterait à étaler le paiement de ce prêt garanti par l’État, ce qui permettrait à ces entreprises de retrouver un peu de trésorerie et un peu d’air”, explique Jean-Guilhem Darré, délégué général. Et il y a urgence: d'après le syndicat, les cessations volontaires d'activités ont augmenté de 10% par rapport à l'année dernière.

Enquête réalisée par le SDI, du 26 septembre 2024 au 2 octobre 2024 – 1790 répondants.

Alfred Aurenche