Pourquoi les Français en CDI démissionnent de plus en plus
Démissionner de son CDI est un risque que sont prêts à prendre de plus en plus de Français. Pour le cinquième trimestre consécutif, les fins de CDI pour démission continuent de progresser. Selon la Dares, la direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques, 469.000 salariés en CDI ont démissionné au premier trimestre 2022, un niveau supérieur de 20% à celui de fin 2019.
À 42 ans, Aurélie Silliau vient de lancer Alohé accompagnement, sa société de coaching. Cette Normande, auparavant responsable des ressources humaines dans l'industrie, a quitté son CDI il y a quelques mois: "Il y avait de la lassitude et il y avait aussi l'envie de retrouver un métier plus dans mes valeurs, où je pouvais retrouver du sens dans ce que je faisais", assure-t-elle à RMC.
"J'avais un métier sympa, j'accompagnais des humains mais le métier avait beaucoup changé j'avais beaucoup d'administratif. Là dans l'entrepreneuriat, je vais aussi avoir beaucoup d'administratif mais je vais le faire pour moi. C'est vraiment différent de travailler pour soi", ajoute Aurélie Silliau.
La démission ce n'est plus forcément angoissant. Sévane Poulain, une Parisienne de 28 ans, travaillait dans une grande entreprise spécialisée dans l'énergie. Elle a quitté son travail et choisi de faire un saut dans le vide: "Je me disais que si je sautais dans un autre travail, je n'allais pas me poser les bonnes questions. J'avais envie pour la première fois de réfléchir et de me dire: 'Qu'est-ce que je veux faire plus tard'".
469.000 salariés ont démissionné au premier trimestre 2022
Comme elles de plus en plus de Françaises et de Français quittent leur CDI. Pour ces Français, la crise sanitaire a souvent été un déclencheur: "J'ai travaillé 20 ans au Moulin Rouge comme chef de rang à Paris. J'ai bougé à cause ou grâce au Covid-19", raconte Bertrand qui est retourné dans le sud-ouest d'où il est originaire, pour devenir maraîcher.
"Aujourd'hui, je travaille avec la nature, je m'occupe des fruits et des fleurs. Je n'étais plus heureux et en plus il y a eu le Covid-19", ajoute-t-il, alors que la restauration et le secteur du spectacle a été gravement impacté par la crise. "Si on peut faire plusieurs boulots dans une vie, c'est chouette".
6,25 millions de contrats de travail signés en 3 mois
Dans une étude menée par Indeed, 35% des salariés français déclarent qu’ils n’ont jamais eu autant envie de démissionner qu’aujourd’hui. Un taux qui monte à 42% chez les moins de 35 ans.
Un nombre inédit de démissions qui s’explique par des possibilités de rebond faciles. C'est ce qu’assure Jean-Philippe Couturier, dirigeant de Whoz, une entreprise de gestion des talents:
"À partir du moment où vous fluidifiez le marché du travail avec des outils numériques, que vous pouvez vous trouver plus facilement un job ou vous mettre en freelance et que vous êtes capables de vous connecter partout dans le monde, vous libérez le marché du travail", assure-t-il.
En plus de cette fluidification du travail, le taux de chômage a fortement reculé. Pour ceux qui veulent rester salariés, l'Insee rappelle que les entreprises ont besoin de main d'œuvre. Elles embauchent plus aujourd'hui qu'avant la pandémie de Covid-19. Au premier trimestre 2022, 6,25 millions de contrats de travail ont été signés dans le secteur privé en France.