Retraites: avec les grèves, les restaurateurs et hôteliers déplorent "l’effet boule de neige"

Avec les grèves annoncées ce mardi partout en France contre la réforme des retraites, les restaurateurs et hôteliers subissent les conséquences. "Il y a beaucoup d’annulations, déplore Frank Delvau, président de l’UMIH Paris Ile-de-France, dans "Charles Matin" sur RMC et RMC Story. Avec le télétravail, les gens ne vont pas se déplacer. Il y a même un ministre, je crois que c’est Clément Beaune, qui a appelé les Français à rester chez eux. Moi, je les appelle à aller au restaurant. Nous, on est là, on est ouvert, on les attend."
Concrètement, les patrons de ces établissements s'attendent à une nouvelle perte de chiffre d'affaires. "C’est environ 40%, explique Frank . Et c’est plus ou moins accentué selon les quartiers, comme à La Défense où il y a beaucoup de bureaux et où il n’y aura pas grand-monde dans les restaurants. Moi, ce matin, j’avais une réunion avec une quinzaine de personnes qui venaient de province, ça a été transformé en visio. Donc ça veut dire que ce sont 15 personnes qui ne vont pas dormir à l’hôtel, pas dîner, pas déjeuner. C’est un effet boule de neige. Et aussi sur le tourisme. Aujourd’hui, la Tour Eiffel est fermée. Le musée d’Orsay, on ne sait pas s’il va être ouvert. Le château de Versailles, peut-être… Cela ne donne pas envie de visiter Paris dans ces moments-là."
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"On aimerait bien pouvoir travailler tranquille"
Pour les restaurateurs et hôteliers, ces grèves sont un autre coup dur après plusieurs années de difficultés. "Depuis 2019, on est un secteur très touché, souligne le président de l'UMIH Paris Ile-de-France. On a eu les gilets jaunes, les grèves SNCF, le Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation, l’énergie… Ça fait beaucoup. Heureusement qu’on a été aidé. Si vous regardez les faillites d’entreprises en 2022, par rapport à 2021, c’est la restauration qui est en tête avec +30% de faillites. Et des prévisions extrêmement mauvaises pour 2023. On est en pleine crise de l’énergie, qui n’est toujours pas réglée. J’ai des collègues qui avaient des factures de 1.000 euros et qui maintenant payent 10.000 ou 15.000 euros. A un moment, on aimerait bien pouvoir travailler tranquille."
Mais les restaurateurs comprennent les revendications. Et en partagent certaines. "On est sensible aux 43 années de cotisation, assure Frank Delvau. On est un métier où on commence à travailler jeune. Quand vous commencez à 17 ou 18 ans, vous n’attendez pas 64 ans pour pouvoir prendre sa retraite. On veut qu’au bout de 43 années de cotisation, on puisse prendre notre retraite. A 62, 63 ans, être encore cuisinier, serveur, femme de chambre… Ce sont des métiers très difficiles. Il faut prendre en compte cette pénibilité et ces carrières longues."