Retraites: "Il faut qu’on aille jusqu’au retrait de la réforme" assure Frédéric Souillot (FO)

Encore un pari réussi? L’intersyndicale organise ce mardi sa 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, avec de nouvelles manifestants dans toute la France. Les renseignements territoriaux ont revu à la hausse leur prévision, avec 650.000 à 900.000 manifestants attendus au niveau national. La semaine dernière, le 23 mars, 1.09 million de personnes selon le ministère de l’Intérieur, 3,5 millions selon la CGT, ont défilé dans les rues.
"Je m’attends à une forte mobilisation et à une détermination des manifestants, explique Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, dans ‘Apolline Matin’ sur RMC et RMC Story. On a fait le tour de nos unions départementales, de Paris, et il y aura beaucoup de monde. Le 49.3, plus l’intervention du président de la République, ça a un peu plus énervé. Il faut qu’on aille jusqu’au retrait de la réforme. On veut bien parler de travail, d’emploi, et après de retraite. On prouvera et on montrera qu’il n’y a pas besoin d’une réforme des retraites avec le recul de l’âge de départ."
"Le président nous méprise en réécrivant l’histoire"
Face à ces manifestations qui continuent de s’enchainer, le gouvernement peut-il vraiment réussir à "apaiser", comme le souhaite la Première ministre Elisabeth Borne? Contacté par Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, Laurent Berger (CFDT) a répété qu’il fallait une "pause" sur cette réforme des retraites avant de renouer le dialogue. Frédéric Souillot, lui, n’a pas reçu d’appel.
"Je vais peut-être redonner mon (numéro) portable à l’antenne, sourit le secrétaire général de FO. Je n’en attends rien. Peut-être qu’ils ont appelé Laurent Berger, moi ils ne m’ont pas appelé. J’entends que le président tend la main. Hier, on a fait une contribution de toutes les organisations syndicales pour informer le Conseil constitutionnel, lui donner notre vision des choses et lui demander d’abroger la loi. Le président de la République a beau tendre la main, il fallait qu’il y pense avant. On lui a écrit et il nous a répondu non. Après, il nous méprise en réécrivant l’histoire."
"Je l’ai rencontré une fois, avant le premier tour des législatives, ajoute Frédéric Souillot. Il essayait de récupérer quelques voix à gauche en réunissant les organisations syndicales. Depuis, on n’a pas de lien avec le président de la République. Aucun. On lui a écrit officiellement pour lui dire que la situation allait devenir explosive socialement. La colère est légitime, les violences non. Pourquoi ils n’ont pas saisi la main des organisations syndicales?"
L’un des prochains combats des syndicats se jouera au Conseil constitutionnel, où ils espèrent que la loi sera recalée. Et ils souhaitent la mise à l’écart de l’une de ses membres, Jacqueline Gourault, ministre lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron (2017-2022). "On demande un déport, explique Frédéric Souillot. C’est souvent que ça arrive. Quand vous êtes juge sur une affaire et que vous y avez pris part à un moment ou à un autre, vous devez vous déporter. Cela s’appelle la conscience. Elle était dans le gouvernement précédent et elle défendait déjà la réforme des retraites voulue par le président de la République en 2019."