Retraites: Pierre-Louis Bras, l’ancien président du COR, se lâche sur la réforme

Pierre-Louis Bras, l’ancien président du Conseil d’orientation des retraites (COR), se lâche dans une interview au Monde. Il se décrit lui-même comme un simple technocrate, un fonctionnaire "gris". En réalité, il est trop modeste, c’est un fils de paysan de l’Aveyron qui a fait HEC et l’ENA et qui est devenu sans doute le meilleur spécialiste français de la question des retraites. Il a présidé le COR pendant neuf ans, mais il s’est surtout fait remarquer le 19 janvier dernier.
En pleine contestation de la réforme des retraites, il était allé devant l’Assemblée nationale dire que les dépenses ne dérapaient pas et que l’équilibre du système n'était pas en péril. Patatras, c'était le principal argument du gouvernement qui s’effondrait... Elisabeth Borne avait manifesté son agacement. Et finalement, il y a trois semaines, Pierre-Louis Bras a été remercié. A 64 ans, comme il est plus près de la retraite que de la promotion, il retrouve sa liberté de parole. Il peut enfin dire ce qu’il pense vraiment de cette fameuse réforme des retraites.
Et il n’en pense pas du bien… Il dénonce surtout les arguments utilisés par le gouvernement pour la faire passer. Le gouvernement a utilisé un narratif dramatisant, en disant que la France vieillissait et que les dépenses explosaient. Ce qui, selon lui, n’est pas exact.
Une réforme qui va creuser les déficits
Mais Pierre-Louis Bras va plus loin. Il estime qu'à long terme, la charge des retraites va augmenter. Non pas malgré la réforme, mais à cause de la réforme. C’est le grand paradoxe, dit-il. Cette réforme devait éviter la faillite en réduisant les déficits, elle va au contraire creuser les déficits. Pour une raison simple: comme on va travailler plus longtemps, on touchera de meilleures pensions. La réforme va permettre des économies à court terme, pendant dix ans, mais à long terme, elle va produire l’effet inverse.
Pierre-Louis Bras reconnaît tout de même que les plus modestes vont bénéficier de la réforme. Les petites pensions vont augmenter, ce qui est une bonne nouvelle, mais cela va aussi creuser les déficits dans une trentaine d’années. Tout cela n’avait pas été dit aussi clairement lors de l’interminable débat que l’on a eu au début de cette année…