Syndicats et patronat dos à dos: pourquoi le conclave sur les retraites a capoté et tourné au fiasco

Le conclave sur les retraites a donc tourné au fiasco lundi, après plus de 7h de discussions, entrecoupées de deux suspensions. Après quatre mois de discussions pour tenter d'améliorer la réforme des retraites, syndicats et patronat ont acté l'échec, tard lundi soir, se renvoyant la responsabilité de l'impasse.
François Bayrou a affirmé mardi matin qu'il ne se satisfaisait pas de l'échec du "conclave" sur les retraites "si près du but" et qu'il allait recevoir dès mardi matin les partenaires sociaux pour tenter de trouver "une voie de passage".
"Je peux naturellement comprendre qu'on constate un échec lorsqu'on est sur des positions radicalement différentes ou opposées. Mais je ne peux pas accepter sans réagir qu'on se satisfasse d'échouer si près du but", a affirmé le Premier ministre depuis l'hôtel Matignon.
>> Suivez l'évolution de la situation en direct ici
"Je considère donc que notre devoir est de ne pas baisser les bras et de tout faire pour permettre de dépasser un tel blocage. C'est pourquoi j'ai décidé d'inviter les organisations qui ont travaillé ensemble durant ces quatre mois à me rencontrer dès ce matin pour rechercher une voie de passage dans l'intérêt de notre pays", a-t-il dit.
Une réunion à laquelle la CFDT participera a confirmé sa numéro 1 Marylise Léon. "Je serai à Matignon", a-t-elle déclaré. "On ne va pas être en négociation avec le Premier ministre", a précisé la syndicaliste qui a pointé les "lourdes responsabilités" du patronat dans l'échec des négociations sur les retraites.
La réforme Borne continue de s'appliquer
Tout au long de la journée, lundi, syndicats et patronats se sont renvoyés la balle et au milieu de la nuit, après un claquement de porte final, les visages des négociateurs sont crispés. La déception de la cheffe de fil de la CFE-CGC Christelle Thieffinne est évidente après 4 mois de discussions qui n'ont abouti à rien. Sa colère est dirigée vers le coupable de l'échec à ses yeux : le Medef.
“On pouvait atterrir, il y a des choses qui étaient faisables. Je pense que c’est la concrétisation de ce qu’on dit depuis un moment à savoir que la partie patronale n’avait pas envie d’être là. Là, aujourd’hui, la confiance est très entamée”, pointe-t-elle.
Le Medef n'a pas dévié de sa ligne et a refusé jusqu'au bout d'alourdir les cotisations pour améliorer la réforme des retraites, c'est ce que martèle sa représentante Diane Deperrois. “Il n’y a plus de marge de manœuvre, je l’ai dit à plusieurs reprises pour augmenter les cotisations compte tenu du niveau déjà bien trop important des prélèvements obligatoires en France”, appuie-t-elle.
Sans accord, c'est donc la réforme Borne qui continue à s'appliquer. Et le système des retraites reste déficitaire, rappelle Yvan Ricordeau pour la CFDT. “Le Medef en concluant sur l’échec de la négociation laisse filer le déficit de 6,5 milliards et donc la question des retraites reste ouverte ce soir. Il faudra y revenir”, souligne-t-il.
Les syndicats vont maintenant réunir leurs instances pour décider de la suite. L'idée d'un texte avec leurs propositions à soumettre au Premier ministre est une des pistes envisagées.