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Vers la fin du télétravail? "La manière de manager a aussi changé", témoigne un patron

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Le télétravail n'a plus le vent en poupe dans les grandes entreprises, où les directions appellent à un retour au bureau. Mais certains font de la résistance et assurent que le travail à distance peut augmenter la productivité et l'investissement des salariés.

Machine arrière toute pour le télétravail? Popularisé par la force des choses pendant la pandémie de Covid-19, le travail à distance (ou en remote) pourrait vivre ses dernières heures. Partout dans le monde, c'est le retour au bureau après la frénésie du télétravail.

En France, Ubisoft demande désormais à son personnel de revenir "trois jours par semaine au moins au bureau", entraînant un appel à la grève. Avant, c'est l'assureur Axa et le fabricant de pneumatiques Michelin qui ont appelé leurs employés au retour en présentiel.

Des décisions incompréhensibles pour de nombreux salariés d'Ubisoft. D'autant plus que managers et patrons continuent de plébisciter le télétravail. C'est le cas de Marie, manager dans le Val-d'Oise au sein d'une entreprise qui octroie trois jours hebdomadaires de télétravail à ses employés: "Il y a des méthodes pour surveiller le travail à distance, mais en tant que manager de six personnes, j’ai vu le niveau d’engagement augmenter", assure-t-elle ce mercredi sur RMC et RMC Story.

Des manageurs et patrons convaincus

"C'est un avantage en nature, en plus du salaire, qui permet de trouver un équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. J'ai une équipe de personnes épanouies dans leur travail et qui fournissent beaucoup plus d'efforts", raconte Marie. Dans son entreprise, le télétravail est autorisé tous les jours: "On a une journée où on doit être tous présents et ensuite ça dépend des plannings, le télétravail peut être fait le lundi ou le vendredi".

Gabriel, 50 ans, chef d'une entreprise de conseil qui emploie 100 personnes, reconnaît ne pas avoir été convaincu dès le début par le télétravail: "Je ne pensais pas que ça allait marcher mais j'ai réalisé que si vous ne travaillez pas en physique, vous ne travaillez pas en télétravail et vice-versa".

Le témoignage du jour - Marie, auditrice : "Mon équipe est tout aussi efficace en télétravail." - 15/10
Le témoignage du jour - Marie, auditrice : "Mon équipe est tout aussi efficace en télétravail." - 15/10
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Dans son entreprise, il a laissé ses employés libres de leur décision. Des bureaux sont à disposition et ses salariés peuvent venir comme ils le veulent: "Ce n’est pas seulement le travail qui a changé, c’est aussi la manière de manager qui a changé".

"Ensuite, nous en tant que manager, on a repensé la façon dont on devait s’occuper de nos collaborateurs. On pense qu’en les voyant, on les manage, mais le management, c’est être avec les autres et on peut le faire à distance, au téléphone ou en visio", poursuit-il.

"Une perte considérable de productivité", vraiment?

Mais il y en a un qui n'est toujours pas convaincu, c'est l'avocat des Grandes Gueules Charles Consigny: "C'est un épisode des schtroumpfs! Maintenant, les salariés font grève parce qu'on leur demande de venir sur leur lieu de travail", peste-t-il, estimant que le télétravail entraîne "une perte colossale de productivité".

L'avocat déplore aussi les réunions en visioconférence. "C'est une malédiction pire que la réunion. Quand mes clients me demandent une réunion en Zoom, je refuse ça. C'est interminable, à des horaires qui n'arrangent personne. Rien ne vaut une vraie rencontre", insiste Charles Consigny qui concède qu'une petite journée de télétravail peut parfois être bénéfique.

Preuve de ce désamour pour le télétravail, en Île-de-France en 2021, le nombre moyen de jours de télétravail était de 2,3 (bien aidé par le troisième confinement avec la fermeture des établissement scolaires pendant un mois). En 2024, le nombre moyen de jour de télétravail est de 1,5.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC