Vente du Doliprane par Sanofi: "Typique de la trahison des élites et du déclassement de la France"

La France craint le mal de crâne. Le laboratoire pharmaceutique Sanofi négocie actuellement avec un fonds américain, la vente d'une filiale qui produit le Doliprane, le médicament le plus vendu en France. Au grand dam des syndicats et d'une partie de la classe politique, qui s'inquiètent des conséquences de la vente, notamment en matière de pénuries.
Les employés de l'usine de Lisieux (Calvados) où est produit le Doliprane s'inquiètent aussi, tout comme les consommateurs, alors que 424 millions de boîtes de Doliprane ont été livrées en France en 2022.
Pas de risque sur l'approvisionnement?
Il y a pourtant peu de risques de pénurie ni de hausse des prix. C'est ce qu'assure ce mardi sur RMC et RMC Story Benjamin, délégué vétérinaire, qui a travaillé chez Sanofi jusqu'à la fin des années 2010: "En France, le prix du paracétamol est bloqué à 2,18 euros", explique-t-il.
"Mais le problème est là, les prix sont bas en France alors qu'en Grande-Bretagne par exemple, il y a un appel d'offres pour chaque molécule. En France, on a des tarifs bloqués et on a le prix du médicament le plus bas d'Europe. Donc les laboratoires priorisent des pays où ils peuvent gagner plus d'argent".
Cette vente ne surprend donc pas Benjamin qui assure qu'à la fin des années 2010, une telle opération était déjà dans les tuyaux: "À l'époque, Sanofi avait déjà vendu sa filière de médicament générique à un fonds américain. Et déjà à l'époque, on parlait d'une potentielle vente du Doliprane".
Le gouvernement attend des "engagements précis"
Lundi, le président de la République Emmanuel Macron a assuré que le gouvernement allait garantir la protection de la France sur la "propriété capitalistique". En déplacement à Lisieux, sur le site de production du Doliprane, le ministre de l'Économie Antoine Armand a assuré que le gouvernement attendait des "engagements précis" et a promis de possibles "sanctions".
Insuffisant pour Charles Consigny. "C'est un cas typique de la trahison des élites et du déclassement de notre pays", tacle l'avocat sur le plateau des Grandes Gueules. "Ils arrivent en costume, ont fait de belles études, ont des airs très sérieux et discréditent leurs opposants. Et sous leur règne, la dette flirte avec la faillite, les usines se délocalisent et les actifs français sont vendus à l'étranger. Ça me rappelle General Electric et Alstom", conclut-il.