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Victime des intempéries, la production de blé en baisse: y aura-t-il un impact sur le consommateur?

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La production de blé a fortement ralenti cette année, de 15% en un an selon le ministère de l'Agriculture, en grande partie à cause des nombreuses intempéries. Mais malgré tout, l'impact sur le consommateur devrait être minime.

La récolte française de blé tendre a chuté à 29,7 millions de tonnes en 2024, soit une baisse de 15% par rapport à l'année dernière, selon les prévisions publiées mardi par le service statistique du ministère de l'Agriculture.

La raison: une année particulièrement pluvieuse. Le surplus d'eau et le manque d’ensoleillement ont entraîné des retards de semis, une prolifération des mauvaises herbes et un regain de maladies. Selon les premières estimations de l'Institut de recherche Arvalis et l'interprofession Intercéréales, le rendement serait le deuxième plus faible, après 2016, enregistré au cours des dix dernières années. Une année catastrophique pour Grégory, céréalier à Jard-sur-Mer en Vendée:

"Des années pluvieuses on en a eu, mais comme celle-ci, jamais. On s'est pris en cumulé deux hivers en quantité de pluie."

Habituellement, Grégory fait pousser du blé sur 60 hectares, cette année il n'en aura que 15. Il a dû diversifier ses cultures en urgence. "On se retrouve cette année avec du maïs et du tournesol à la place. Il faut des alternatives", explique-t-il.

L'invité de Charles Matin : Mauvaise récolte de blé, des prix en hausse ? - 10/07
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Vers une augmentation des prix ?

Malgré cette baisse de production, il ne devrait pas y avoir forcément de conséquences sur le prix de la farine, selon Arthur Potrier, consultant chez Agritel et spécialisé dans l'analyse des marchés agricoles. "On ne devrait pas avoir de véritable dérèglement sur les marchés. Les stocks et la bonne production aux États-Unis et l'amélioration des cultures en Australie vont protéger la hausse des prix que l'on aurait pu avoir sur le niveau national au regard de la faible récolte que nous avons actuellement", argumente-t-il.

Une finalité partagée par Philippe Chalmin, économiste spécialiste des matières premières, invité de Charles Matin, sur RMC et RMC Story ce mercredi: "Il faut se rendre compte quand même qu'au niveau des consommateurs, nous sommes à peine concernés."

"Dans une baguette à 1,20 euros, il y a entre 7 et 10 centimes de blé et donc si le prix du blé augmente de quelques euros la tonne, vous ne le sentirez pas passer", ajoute le professeur à l'université Paris Dauphine.

Même si, "les prix ont légèrement augmenté" en Russie, premier exportateur mondial, selon Philippe Chalmin, le marché français devrait assez peu être bousculé. "Nous avons terminé l'année dernière, le 30 juin, avec des stocks record en France, au plus haut depuis 19 ans. Et il faut savoir que la France est un exportateur de blé, donc même si la récolte est mauvaise, nous ne manquerons pas de blé", justifie-t-il.

Mais l'économiste prévient, "ça va s'annoncer médiocre pour tous ceux dont les rendements ont baissé, pour les céréaliers, ça va être une mauvaise année." Autre culture touchée par les pluies abondantes de cette année, l'orge, dont la récolte serait en baisse de 8% par rapport à 2023.

Romain Poisot (avec T.R.C.)