Vote de confiance: assurance-vie, épargne, PEA... "Ils pourraient potentiellement perdre de la valeur"

L'incertitude politique liée au sort du gouvernement de François Bayrou - dont le vote de confiance devant les députés aura lieu le 8 septembre - se transmet sur les marchés, même si, après avoir été sous pression ces deux derniers jours, le taux d'intérêt à dix ans de la dette française s'est stabilisé mercredi, à 3,50% au même niveau que la veille. Le Cac 40 gagnait 0,30% à 7.732,59 points ce mercredi matin.
Une économie en berne, une croissance faible, pas d'investissements à venir... L'instabilité politique peut-elle provoquer des conséquences - concrètes - pour les Français? Epargne, PEA, assurance-vie... "Ils pourraient potentiellement perdre de la valeur", met en garde ce mercredi sur RMC Matthias Baccino, directeur des marchés européens de la banque en ligne Trade Republic, qui appelle à la "diversification".
Une dette "moins qualitative"
Car la dette de la France, qui risque d'être moins "qualitative", est détenue en grande partie par les institutions bancaires, rappelle-t-il. Et pour rappel, Fitch doit rendre le 12 septembre sa note sur la dette française le 12 septembre, quatre jours après le vote de confiance. "On s’apprête à passer dans la ligue 2 mondiale de la dette", compare Matthias Baccino, qui prédit donc une dégradation de la note, qui est actuellement un double A.
L'écart entre le taux d'intérêt français et son équivalent allemand référence en Europe, baptisé le "spread", atteignait lui 0,78 point, contre 0,70 point en début de semaine avant l'intervention de François Bayrou.
Alors comment se prémunir de ces remous et faire fructifier - au mieux - son portefeuille? "Il faut en mettre un peu partout pour performer : ceux qui ont des États-Unis, un peu d’or, un peu de bitcoin… La diversification, c’est la clé. "Un peu de France, d'Allemagne, d'Asie..."
Le livret A? Une valeur sûre malgré tout, avec une rémunération plus élevée que l'inflation. Matthias Baccino conseille d'y placer trois à six mois de revenus, afin d'éviter tout crédit conso.
"Le Cac 40 est en sous-performance depuis la dissolution de l'an dernier"
"Quand on sait que je me bats pour qu’on investisse en France depuis 15 ans, ça ne me fait pas plaisir de le dire, mais c’est la réalité. L’indice boursier, le CAC 40, est en sous-performance depuis la dissolution il y a un an. Ça pose un problème considérable pour les épargnants et investisseurs français", poursuit Matthias Baccino.
Autre conséquence pour les Français, des taux d'intérêt potentiellement à la hausse. "Ça peut augmenter le coût des crédits, le coût des découverts, du crédit conso et du crédit immobilier. Si la dette française est de moins bonne qualité, si les taux d’intérêt montent, le prix de l’argent devient plus élevé : pour les gens, ça a un impact concret", résume Matthias Baccino.
"Si on veut acheter ou vendre un bien immobilier, notre Premier ministre vient tout simplement de dégoupiller une grenade et le Parlement s’apprête à la faire exploser", regrette Matthias Baccino
"Soit les marchés ne réagiront pas, soit ils réagiront mal", considère dans Le Parisien Sylvain Bersinger, économiste fondateur du cabinet Bersingéco. Selon lui, la première option est privilégiée car ils "avaient de toute façon déjà anticipé la chute de François Bayrou à l’automne". "Même s’il est en déficit, comme celui de Donald Trump, il faut voter un budget et pas par 49.3", défend dans le même quotidien Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste chez BDO.
"Je suis en colère, car cette séquence de communication va avoir des impacts sur la vie des gens pendant longtemps. Je ne suis pas persuadé qu’il y ait un intérêt général à cette séquence de communication aussi terrifiante", conclut Matthias Baccino.