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"Expliquez-nous": le procès pour l'extradition de Julian Assange débute au Royaume-Uni

La justice Britannique se penche à partir de ce lundi, sur l’extradition de William Assange aux Etats-Unis. Le fondateur de Wikileaks est poursuivi pour espionnage sur le territoire américain. Que lui reproche-t-on exactement?

Il risque 175 ans de prison. Ce que les Américains lui reprochent, c’est d’avoir mis en ligne sur son site Wikileaks en 2010, 500.000 documents militaires sur les guerres en Irak et en Afghanistan, plus 250.000 câbles diplomatiques, qui révélaient que les Américains espionnaient leurs alliés, y compris la France.

Wikileaks, à la même époque, avait également diffusé une vidéo spectaculaire où l’on voyait un hélicoptère américain tuer des civils par erreur à Bagdad. 

A l’époque, William Assange avait 39 ans. C’était un Australien Globetrotteur, qui venait de vivre plusieurs années en France. C’était surtout un adepte de la transparence absolue, persuadé que toutes informations méritent d'être révélées. Il avait créé ce site Wikileaks pour que tout le monde puisse y déposer des documents de manière anonyme. 

Sa source principale rapidement repérée et interpellée

Sa source principale: un analyste militaire, le soldat Manning en poste en Irak. Il a été arrêté, jugé pour trahison et condamné à 35 ans de prison. Il a été détenu dans des conditions épouvantables, à l’isolement total, ne parlant à personnes pendant plusieurs années, réveillé toute les heures. Des conditions de détentions qui ont finalement fait scandale. Barack Obama juste avant de quitter le pouvoir l’a gracié. Entre temps, le soldat Manning est devenue une femme. Bradley s’appelle maintenant Chelsea.

La justice américaine poursuit donc William Assange pour complicité avec le soldat Manning et pour 17 autres charges. Jusqu’au printemps dernier, il était officiellement accusé de piratage informatique. Un délit mineur. Mais désormais, il est inculpé pour 17 crimes et délits dont le plus grave: espionnage. Et il risque 175 ans de prison, avec de possibles conditions de détentions très dures. 

Un refuge dans l’ambassade de l’Equateur à Londres

C’est pour échapper à une extradition qu’il s’était réfugié dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. Pour éviter à l’époque, une extradition vers la Suède où deux femmes avaient porté plainte contre lui pour viol. Mais il craignait surtout que les Suédois l’envoient ensuite aux Etats-Unis. 

Il s’était donc réfugié dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. Il vivait dans un très petit appartement en rez-de-chaussée, un deux-pièces cuisine où il cohabitait avec trois diplomates équatoriens. Très parano, l’ambiance était très tendue dans cette minuscule ambassade.

Finalement, il y est resté 7 ans sans jamais en sortir puisque les Anglais ont maintenu un policier devant la porte pendant toutes ces années. 

Au printemps dernier, l'Equateur lui a retiré sa protection. Il avait eu la mauvaise idée de publié sur Wikileaks des révélations sur la vie privée du Président équatorien, son protecteur. Les Anglais sont aussitôt venus l'arrêter et le détiennent depuis, dans une prison de haute sécurité au nord de Londres. 

Ses proches le disent en très mauvais état de santé 

La dernière fois que Julian Assange a été vu, c’est lorsqu’il a été arrêté à l’ambassade d’Equateur, il avait l’air d’avoir 20 ans de plus que ses 50 ans. Antoine Vey, l’un de ses deux avocats Français, l’a vu très récemment au parloir. Il le décrit comme très atteint par 9 mois d’isolement. Intelligent mais lent, ayant du retard à l’allumage, du mal à se concentrer. 

Les audiences commencent ce lundi matin pour une semaine. Le temps, pour les avocats des Etats-Unis et de la défense de déposer leurs arguments et leurs documents. Puis le procès sera interrompu deux mois. Il reprendra en mai pour au moins deux mois encore. Peut-être plus… Ce qui nous amène au moins en Juillet.

La justice choisira ensuite soit de l’extrader soit de le libérer. Parce que les Anglais n’ont plus rien à lui reprocher. S’ils le libèrent, il pourrait le renvoyer chez lui en Australie, ou bien en France s’il obtient l’asile politique. C’est ce que demande plusieurs élus et responsables politiques français de gauche et de droite. Ses deux avocats, Eric Dupond Moretti et Antoine Vey espèrent être reçus par Emmanuel Macron rapidement pour plaider sa cause. 

Nicolas Poincaré