Faut-il instaurer le vote obligatoire en France? L'exemple belge

- - AFP
En France, à chaque élection, le taux d'abstention bat des records. Mais existe-t-il une solution miracle contre le désintéressement politique? RMC a voulu le savoir en interrogeant les Français sur ce qu'ils aimeraient voir changer dans le monde politique à quelques mois de la prochaine présidentielle. Et selon un sondage Elabe publié ce lundi, 50% des personnes interrogées seraient d'accord pour introduire le vote obligatoire en France. Une mesure qui existe déjà depuis 123 ans en Belgique.
"J'évite l'amende, c'est tout"
La participation des Belges, automatiquement inscrits sur les listes électorales dès leurs 18 ans, est très forte à chaque élection, autour de 90%. Car s'ils ne vont pas voter lors de chaque scrutin, ils sont sanctionnés d'une amende de 27,50 euros (137 euros si récidive) et s'ils s'abstiennent quatre fois en 15 ans, ils sont rayés de la liste électorale pendant 10 ans. Pour autant, les Belges se passionnent-ils plus pour la politique? Pas si sûr…
"Depuis que j'ai 18 ans je vais voter juste parce que je suis obligée mais je ne m'y intéresse pas spécialement", assure cette jeune femme. Et son ami de confirmer: "Cela ne m'intéresse pas plus que cela. J'évite l'amende, c'est tout". Le vote obligatoire semble donc plus être un réflexe culturel bien plus qu'un intérêt pour la politique. Même Christine Dusfraine, la présidente du Sénat belge, l'admet.
"Pas plus de conscience politique"
"Malheureusement, le citoyen belge n'est pas plus proche de sa classe politique, ne la maudit pas moins et n'a pas nécessairement, hélas, plus de conscience politique ou d'envie d'aller voter, déplore-t-elle sur RMC. Je pense que beaucoup de personnes ne savent pas pour qui elles vont voter en se rendant à l'isoloir". Ce vote obligatoire a tout de même un avantage pendant les campagnes électorales, comme l'explique Pascal Deluit, professeur de sciences politiques à Bruxelles.
"Les partis et les candidats font campagne auprès de tous les électeurs et pas simplement dans les territoires et parmi les groupes sociaux qui votent le plus, indique-t-il. Si vous observez un cas comme la France, le candidat ne se déplace plus dans certains territoires, notamment dans certaines banlieues, parce que le niveau d'inscription sur les listes électorales et le niveau de participation sont tellement faibles qu'il n'y voit plus d'intérêt en termes de temps qu'il doit consacrer à ce quartier". Alors que le vote est obligatoire dans 30 pays du monde, dont le Luxembourg, l'Australie ou encore la Grèce et le Brésil, d'après les derniers sondages, un Belge sur deux serait aujourd'hui favorable à la fin de celui-ci.