Hé oh la gauche: François Hollande n'est plus en situation de rassembler
Les soutiens de François Hollande ont lancé ce lundi soir leur opération reconquête, lors du premier meeting de "Hé oh la gauche". Une vingtaine de ministres et secrétaires d'État ont tenté de convaincre les électeurs de gauche d'y croire encore pour 2017 malgré les sondages, malgré les critiques. "Je n'ai pas renoncé à la victoire en 2017", a par exemple affirmé la ministre de la Santé, Marisol Touraine. "La gauche et la droite, ça n'est pas la même chose", a martelé Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et l'un des plus proches de François Hollande. Mais le plus dur reste à faire : convaincre tous les électeurs perdus.
Mais cette mise en marche, cette mobilisation n'est pas du goût de tout le monde au sein du Parti socialiste. "Dans les responsables socialistes, nous étions presque plus nombreux à ne pas y être qu'à y être", ironise ce mardi sur RMC Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris avant d'estimer: "Cette initiative est assez étrange. En effet, elle est censée soutenir le gouvernement et le président alors on peut s'étonner d'une configuration si étroite puisqu'une partie du gouvernement n'y est pas, l'ensemble du PS n'était pas convié, même le Premier secrétaire…"
"Il y a un problème stratégique"
"Quel est le statut de ce mouvement? Soutenir François Hollande comme candidat, un an avant l'élection présidentielle, alors que lui-même dit ne pas savoir s'il le sera", ajoute-t-elle encore. "Les Français attendent d'un gouvernement qu'il ait de la cohérence et qu'il réponde aux problèmes d'aujourd'hui sans avoir le sentiment d'être déjà les yeux braqués sur une campagne présidentielle", assure Marie-Noëlle Lienemann.
"Si c'est pour faire le bilan, ils auraient mieux fait de donner la parole à des citoyens, des militants socialistes, des gens de gauche pour que ce bilan ne se résume pas en une explication de leurs actions de la part des ministres mais plutôt comment le peuple de gauche, les Français réagissent, déplore la sénatrice. Il y a bien évidemment des points positifs mais s'il y a tant de mécontentement c'est qu'il y a un problème stratégique".
"De gros risques de ne pas être au second tour"
Très critique depuis quelques mois envers l'exécutif, Marie-Noëlle Lienemann l'assure ce mardi dans Bourdin Direct: "A priori, je ne soutiendrai pas François Hollande s'il était candidat. Je souhaite qu'il y ait une primaire et que nous ayons un autre candidat parce que, à mon avis, François Hollande n'est plus en situation de rassembler une grande majorité des forces de gauche et écologistes. Or, sans cela, nous avons de gros risques de ne pas être au second tour."
"Je pense aussi que l'écart qui s'est opéré entre son action, l'attente des Français et l'absence de résultats est tel que la crédibilité pour engager une nouvelle étape est très faible", argumente la sénatrice socialiste. "Cette élection présidentielle ne peut pas être le choix du moindre mal, poursuit-elle. On ne peut pas prendre le moins pire. On est au cœur d'un changement de période historique: il y a des opportunités à saisir. Les Français doivent avoir un vrai débat".