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IEP Grenoble: accusé d’islamophobie puis suspendu, le prof d’allemand Klaus Kinzler dénonce "un bateau qui coule"

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Après avoir été accusé d’islamophobie en mars dernier, le professeur d’allemand Klaus Kinzler a été suspendu par l’IEP de Grenoble. Invité d'"Apolline Matin" ce mardi sur RMC, il a dénoncé "une prise de pouvoir d’étudiants radicaux".

Suspendu. Klaus Kinzler, le professeur d’allemand de l’Institut d’études politiques de Grenoble qui a été accusé d’islamophobie par des étudiants en mars dernier, a été sanctionné ce lundi par la direction de l’établissement. "On me reproche juste deux entretiens avec Marianne et L’Opinion et une autre petite intervention à CNews. On me reproche une diffamation. La direction a une obsession pour m’interdire de parler à la presse. C’est une obsession pour éviter que je raconte ce qu’il se passe à l’IEP", explique-t-il dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC.

"J’ai enseigné pendant 25 ans dans cet IEP sans avoir le moindre problème de liberté d’expression, souligne Klaus Kinzler. Depuis l’arrivée de la nouvelle direction, on a assisté à la prise de pouvoir d’une minorité d’étudiants, les plus radicaux, soutenus par un certain nombre d’enseignants-chercheurs, qui ont littéralement fait régner un climat de peur dans l’IEP, intimidant tout le monde. Ce n’est pas moi qui invente les mots, c’est l’inspection générale qui le dit dans son rapport au mois de mai. Ce sont eux qui ont pris le pouvoir. Sur les réseaux sociaux, et par d’autres moyens, ils ont essayé de faire taire ceux qui n’étaient pas d’accord avec leurs positions extrémistes. On m’a traité d’islamophobe sur Facebook, sans que ma direction n’intervienne alors qu’elle était au courant. C’est un climat délétère qui régnait pendant plusieurs mois."

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"L’Etat de droit n’existe plus" à Sciences-Po Grenoble selon l’enseignant

Klaus Kinzler a déjà dénoncé une "rééducation politique" à l’œuvre à Sciences-Po Grenoble. "J’ai dit ça dans un entretien d’une heure et demie avec L’Opinion. Je le dirai aussi de façon très nuancée dans le livre qui sortira bientôt sur les évènements. C’est une phrase dans une heure et demie de discours. J’assume, explique le prof d’allemand. Je l’ai découvert récemment et cette histoire, depuis un an et demi, me le montre. Avant, je n’aurais jamais le pu dire à quelqu’un. J’observe une radicalisation des étudiants qui arrivent, décolonialistes, et un discours extrêmement anticapitaliste, décolonialiste, chez beaucoup de collègues qui remettent même en question la légitimité de notre gouvernement élu à faire des réformes, publiquement, en amphi. Dans le couloir, il n’y a que des annonces de conférences sur la lutte contre les discriminations. On n’a que ces théories woke qui sont importantes chez nous. L’Etat de droit n’existe plus, car des étudiants bloquent tout le temps l’IEP sans que personne n’intervienne. Les chercheurs assument pleinement qu’ils ne veulent plus être neutres. C’est du militantisme, sous le couvert de la science."

Et Klaus Kinzler regrette que les étudiants qui l’ont ciblé n’aient pas été inquiétés. "La seule personne poursuivie, en quelque sorte, c’est moi. C’est un peu l’ironie de l’histoire. La campagne où on me traite d’extrémiste de droite et d’islamophobe, c’est toujours en ligne. Moi qui suis le lanceur d’alerte, je suis puni. Il y a cette relaxe complètement scandaleuse des étudiants, alors qu’on sait exactement ce qu’ils ont fait. Il n’y a pas seulement cette commission disciplinaire, qui était délocalisée. Notre directrice, d’ailleurs, ne peut pas faire appel parce que ça gênerait l’institut… On n’a jamais rien entrepris contre ces étudiants. On n’a pas signalé ça au procureur, on ne l’a même pas informé. Il y a une telle inaction face à cet extrémisme."

Face à cette situation, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a annoncé lundi qu’il suspendait les financements de l’établissement. "Je ne vais pas tomber dans le piège de me faire instrumentaliser, assure Klaus Kinzler. Evidemment, je suis très heureux d’entendre ça. Il y a aussi le député François Jolivet. C’est du baume au cœur pour moi. Je me réjouis si les hommes politiques demandent qu’on intervienne. Cet IEP, c’est un bateau qui coule. Je n’aime pas qu’il coule. Je voudrais que quelqu’un le sauve du naufrage. Depuis un an, je me laisse pourrir ma vie pour contribuer à ce que cet IEP redevienne ce qu’il a été, un endroit où on a formé des jeunes qui ont ensuite joué un rôle dans la société."

LP