Procès des faux meubles du château de Versailles: “Les faussaires escroquent par amour de l’art

Mardi s’est ouvert le procès de deux faussaires qui ont escroqué le château de Versailles avec des faux meubles anciens. Montant du préjudice: 3 millions d’euros. Alors, qu’est qui s’est passé?
Deux experts très réputés en meubles anciens, ont eu l’idée d’escroquer leur monde. Ils ont fait fabriquer trois chaises qui auraient appartenu à la maîtresse de Louis XV, cette maîtresse s’appelait Mme du Barry. Comme ce sont des experts, ils ont bien fait les choses. Les bons artisans, les bons bois, les bons tissus. Ils ont aussi usé les chaises pour qu’elles aient l’air bien anciennes.
Et alors pourquoi trois chaises et pas 5 ou 6? Parce qu’ils savaient qu’un ensemble de 13 chaises avait été livré à Mme du Barry en 1769. Et qu’aujourd’hui, il en manque 3 et qu’on les cherchait partout. Bingo. Tout avait été réfléchi. Résultat des courses: ils ont refourgué les chaises, ni vu ni connu, et pour une somme folle.
L’histoire des faussaires
Pendant longtemps, ce n'était pas répréhensible d’être un faussaire. C’était même recommandé. À la Renaissance, les artistes, les sculpteurs, les peintres, deviennent des stars. Et la plupart d’entre eux travaillaient dans des ateliers, c’est-à-dire avec des élèves. Et imiter les maîtres, ça faisait justement partie du travail des élèves.
Par exemple, quand Michel-Ange faisait une œuvre, certains de ses élèves pouvaient avoir travaillé dessus. Donc imiter le travail des autres, c’était ni un délit ni un business, c’était une méthode.
Quand est-ce que ça devient un business?
Ça commence au XVIIIe siècle. C’est à cette époque qu’on découvre deux sites archéologiques splendides en Italie. Deux villes romaines en très bon état. La ville de Pompéi et celle d’Herculanum. Et là, l’Europe devient dingue. On parle plus que de ça. Tout le monde veut visiter ces vestiges. Ça relance complétement notre passion pour l’Antiquité. Et un petit malin va en profiter. Il va fabriquer des faux fragments des fresques de ces deux sites archéologiques. Et il va les revendre à prix d’or. C’est un des premiers faussaires de l’histoire.
Plus la cote de l’art monte, plus il y a de faussaires. C’est mécanique. Au XXe siècle, le marché de l’art explose. Et on assiste à des arnaques phénoménales. Le plus talentueux de tous les faussaires, c’est un hollandais qui s’appelait Han Van Meegeren. Et sa spécialité, c'étaient les imitations de Vermeer, un peintre hollandais du XVIIe siècle, un de plus chers du monde aussi. Van Meegeren avait tellement de talent qu’il avait réussi à vendre des faux Vermeer pour des fortunes aux dignitaires nazis pendant la Seconde guerre mondiale.
Donc ces faussaires, ce sont aussi des grands artistes. Pour imiter des grands artistes, vous devez en être un. Vous devez tout connaître. La technique bien sûr, mais aussi le marché de l’art, l’histoire de l’art... C’était le cas de nos faussaires du château de Versailles. Ils savaient qu’on voulait retrouver ses chaises. Donc, ils ont pas seulement apporté des faux meubles, ils ont apporté une réponse à un désir. Une solution à un problème. Oui, les faussaires escroquent tout le monde, mais par amour de l’art.