Des clients fortunés arnaqués: l’antiquaire star en face de l’Elysée était un faussaire

Meuble du XVIIIe siècle (illustration) - AFP
Un antiquaire star, spécialiste du XVIIIe siècle, a fabriqué et vendu à ses fortunés clients de faux meubles d'époque. Pendant des décennies, Jean Lupu a régné sur tout le microcosme parisien des antiquaires de renom. Dans sa galerie, juste en face de l'Elysée, les clients les plus fortunés viennent faire leurs emplettes, des têtes couronnées d'Afrique par exemple, ou des stars américaines. Jusqu'à la chute: Jean Lupu est un faussaire.
Sous couvert d'expertise, il a floué toute sa carrière des dizaines de clients, avec une technique plutôt simple: bidouiller, rajouter des éléments, des détails à des meubles pour en gonfler la valeur. Par exemple, ajouter ni vu ni connu une plaque d'ébène à une table de jeu achetée 46.000 euros à une vente aux enchères, et la revendre 850.000 euros quelques mois plus tard, raconte Le Parisien. Ou alors, ajouter à un guéridon un faux poinçon d'un artiste du XVIIIe siècle.
Beaucoup de clients très prestigieux n'ont pas porté plainte
Une trentaine de fausses estampilles ont été retrouvées dans l'atelier de Lupu. Grâce à des artisans exceptionnels qui travaillaient pour lui, les faux meubles d'époque étaient aussi beaux que des vrais. Et tout le monde n'y voyait que du feu, ce qui a fait les affaires de Jean Lupu. Selon une première estimation, il y en a pour plus de 12.5 millions d'euros de marchandises contrefaites.
Mais beaucoup de clients très prestigieux n'ont pas porté plainte, craignant pour leur réputation et la revente de leurs collections. Et impossible ou presque de retracer les ventes. Car Jean Lupu n'a jamais rempli son livre de police. Son procès s'ouvre ce lundi. Il est poursuivi pour tromperie et blanchiment, puisqu'il devra aussi expliquer avoir dissimuler plus de 7 millions d'euros sur des comptes suisses.