8 mai: la commémoration de la capitulation de l’Allemagne nazie en 1945

Pourquoi on ne travaille pas ce lundi? Parce qu’on commémore le 8 mai 1945, date de la capitulation de l’Allemagne nazie, et non pas l’armistice comme on le dit souvent. L’armistice, c’est une trêve, la cessation des combats en attendant des négociations de paix. C’est ce qui qui a été signé le 11 novembre 1918 pour mettre fin à la Première Guerre mondiale. Le 8 mai 1945, ce n’est pas une trêve ou un armistice, c’est une capitulation, c'est-à-dire une reddition sans conditions. L'armée allemande acceptait de déposer les armes sans être en mesure de négocier quoi que ce soit en échange.
En réalité, il y a eu deux capitulations allemandes, signées le 7 et le 8 mai 1945. Le 30 avril 1945, Adolf Hitler se suicide dans son bunker de Berlin. Et l’amiral Donitz est désigné comme son successeur. Il est pressé d’en finir et il envoie son chef d'état-major, le général Jodl, à la rencontre du général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées, qui se trouve en France, à Reims. Le 6 mai, l’Allemand Jodl propose une reddition partielle, c'est-à-dire de se rendre aux Américains mais pas aux Soviétiques. Eisenhower refuse. Le lendemain, le 7 mai, l’Allemand accepte ce qu’on lui demande: une reddition totale qui est signée le soir même dans un collège technique de Reims.
Le texte ne fait que quelques lignes. Il est signé par un général américain, un général russe et un général français, François Sevez, représentant du général de Gaulle. Il prévoit l'arrêt des combats pour le lendemain, le 8 mai à 23h01, heure de Berlin. On pourrait donc parler de la capitulation du 7 mai. Sauf que Staline n’a pas accepté cette reddition qui a été signée sans qu’il en soit informé, parce que son représentant à Reims n’a pas réussi à joindre Moscou.
Et Staline demande donc une deuxième signature à Berlin, que l’on organise en catastrophe, juste avant l'entrée en vigueur de la première capitulation. A 22h43, un nouveau texte de reddition est signé, il remplace le précédent même si les termes sont identiques. Et c’est donc la date que l’on retient, le 8 mai 1945. Côté allemand, le texte est signé par le maréchal Keitel, commandant en chef de l'armée allemande. Il sera ensuite jugé à Nuremberg, condamné à mort et pendu. Comme son adjoint, le général Jodl, qui avait signé la première capitulation à Reims.
Pas toujours un jour férié en France
Ce n'était pourtant pas la fin de la guerre. C'était la reddition de l'armée allemande mais les Etats-Unis étaient encore en guerre contre le Japon, qui ne capitulera que quatre mois plus tard, le 2 septembre. C’est pour cela que les Américains commémorent deux dates. Le 8 mai et le 2 septembre, qu’ils appellent les ‘V days’, les jours de la victoire.
Les Russes, eux, commémorent le 9 mai. Parce que le 8 mai, à 22h43, il était deux heures de plus à Moscou, 0h43, et nous étions donc le 9 mai. Et 78 ans après, c’est en Russie que l'événement est le plus célébré. On parle du "Jour de la victoire". C’est un événement à la gloire de l'armée, qui prend un relief particulier en temps de guerre, comme en ce moment. Un immense défilé militaire aura lieu ce mardi sur la place Rouge.
En France, le 8 mai n’a toujours pas été un jour férié. En 1975, Valéry Giscard d'Estaing a gommé la date dans le calendrier, en signe de réconciliation avec l’Allemagne, qui n’en demandait pas tant. La mesure était très mal passée et en 1981, François Mitterrand a rétabli le jour férié. Cela fait donc 42 ans que l’on a retrouvé ce week-end prolongé qui s'enchaîne bien avec celui du 1er mai.