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Abus sexuels et corruption: un rapport accable SOS Villages d'Enfants

Le logo de SOS villages d'enfants

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L'ONG internationale SOS Villages d'Enfants, qui vient en aide aux orphelins et aux enfants ne bénéficiant pas d'une prise en charge adéquate par leur famille, est mise en cause pour des affaires de violences sexuelles et de corruption.

De l'Amérique latine à l'Asie, l'ONG internationale SOS Villages d'Enfants a étouffé depuis les années 1980 de nombreuses affaires de violences sexuelles et de corruption, révèle un rapport sans appel publié mercredi.

Objectif de ce rapport, faire la lumière sur une série de cas de maltraitance apparus au sein de la structure, fondée en 1949 en Autriche afin de venir en aide aux orphelins et enfants ne bénéficiant pas d'une prise en charge adéquate par leur famille. Avec 2,5 millions de mineurs et de leurs proches enregistrés dans 137 pays et territoires en 2022, SOS Village d'Enfants se présente comme "la plus grande organisation mondiale" de ce type.

La commission d'enquête composée de 10 membres a visité une dizaine de pays, consulté des milliers de documents d'archives et mené 188 entretiens avec des victimes présumées, d'anciens responsables et des encadrants actuels. Au fil d'un rapport de 262 pages, il en ressort une liste accablante.

Une culture de la peur pour "protéger l'organisation"

"Nous confirmons des allégations graves d'abus" commis sur des mineurs dans plusieurs pays, peut-on lire dans ce texte consulté par l'AFP. "De nombreux cas de grossesses d'enfants" résultant notamment de viols ont été documentés, des fillettes ayant subi des "avortements forcés" sans que le "consentement des familles soit établi".

Au Népal, un généreux donateur a été accueilli dans un centre, "à l'encontre du règlement", et a abusé d'enfants entre 2010 et 2014. L'un d'entre eux a même été envoyé en Autriche pour lui rendre visite.

Des scandales ont été passés sous silence, les lanceurs d'alertes intimidés, des preuves détruites et les autorités tenues dans l'ignorance. Au Panama, où la commission relève une "culture de la peur", une victime a été contrainte de se rétracter avant d'être placée à l'isolement puis de devoir quitter les lieux. De manière générale, le rapport déplore "une volonté de protéger l'organisation" au détriment des intérêts de l'enfant.

Des enfants ukrainiens "déportés" par la Russie

Outre le Népal et le Panama, les enquêteurs ont confirmé d'importantes défaillances au Cambodge, au Kenya, en Sierra Leone et en Syrie.

Dans ce pays, SOS Villages d'Enfants, l'une des rares ONG restées sur place durant la guerre, a reçu à partir de 2015 des enfants séparés de force de leur famille appartenant à l'opposition au régime de Bachar al-Assad. "Ils sont aujourd'hui réunis avec leurs proches et aucun d'entre eux ne fait plus partie de nos programmes", affirme à l'AFP Ingrid Johansen, la directrice général de l'organisaiton, qui s'est engagé à réparer "les erreurs du passé", depuis sa prise de poste en 2021.

Plus récemment, l'antenne russe de l'ONG a été suspendue après la révélation dans la presse d'accusations de prise en charge d'enfants ukrainiens probablement "déportés" par Moscou. "Comme il s'agit d'une grave allégation, la mesure restera en place jusqu'à ce que nous soyons sûrs à 100% que tout est en ordre", souligne la directrice.

Abus de pouvoir et malversations

Au-delà des cas de maltraitance, le document détaille un "nombre significatif" de malversations, d'abus de pouvoir, d'irrégularités dans les passations de marchés portant parfois sur "des millions de dollars".

SOS Villages d'Enfants affiche sa volonté de tout remettre à plat au niveau global: un poste de défenseur des droits a été créé, plus de la moitié des membres de la direction ont été remplacés et les centres d'accueil ont été renforcés.

Environ 500 victimes ont bénéficié d'un soutien individualisé, psychologique, logistique ou financier. Mais "malgré de nombreuses initiatives de réformes, la transformation n'a pas été totalement mise en place", déplore le rapport, certaines "normes de l'ancienne structure entravant le travail de la nouvelle direction".

G.D. avec AFP