Attendu en Mongolie, Vladimir Poutine peut-il être arrêté?

Alors que Vladimir Poutine doit se rendre en Mongolie ce mardi, la Cour pénale internationale et l’Ukraine réclament son arrestation en vertu d’un mandat d’arrêt international qui le vise. Pourtant, le Kremlin se dit serein. Et c’est sur la Mongolie que repose la pression. La Mongolie l’a pourtant invité pour célébrer un victoire militaire commune en 1939. Le pays d’Asie de l’Est est membre de la Cour pénale internationale, il la reconnaît. Comme 123 autres pays. La Russie, non. "Pas d’inquiétude", dit Moscou. C’est pourtant bien le premier déplacement du président russe dans un pays reconnaissant la Cour pénale internationale depuis qu’elle a émis un mandat d’arrêt international il y a un an et demi.
Que peut faire la CPI? Pas grand-chose... Elle a pour rôle de juger les crimes contre l’humanité, crimes de guerre, d’agression, ou le génocide. Mais pour ce faire, ce sont les États membres qui doivent collaborer. Ils en ont l’obligation. La Cour pénale internationale n’a ni police, ni force d’arrestation, ni moyen de répression. Si la Mongolie ne respecte pas le traité qu’elle a signé, selon l’article 87 alinéa 7 du statut de Rome qui a fondé la CPI, "la Cour peut en prendre acte et en référer à l’Assemblée des États Partie". En gros, la Mongolie risque fort de se faire gronder, guère plus…
Mais comment se positionne la Mongolie? D’abord, au sens propre, géographiquement, la Mongolie est enserrée entre la Russie, au nord, et la Chine, au sud. Naturellement, politiquement, elle est amie de ces deux grandes puissances qui l’enclavent. Et c’est le président mongol (Ukhnaagiin Khürelsükh) qui a invité Vladimir Poutine. Mais les Américains, les Français et d’autres revendiquent aussi son amitié. Il faut dire qu’on surnomme le pays le "coffre-fort géologique". Son sous-sol faiblement exploré regorge d’un minerai qui aide à se faire des amis...
Vladimir Poutine, un paria à l’international
Ce mandat d’arrêt peut-il être efficace? L’ancien président soudanais Omar el-Bechir a été le premier chef d’Etat en fonction visé par cette procédure en 2009, pour ses crimes de guerre, crimes contre l’humanité puis pour génocide au Darfour. Depuis, il a visité plusieurs pays signataires du Statut de Rome. Et 15 ans après, il n’a toujours pas été arrêté.
Pour ce qui est reproché à Vladimir Poutine, il y a beaucoup de choses bien sûr, mais la CPI est un tribunal. Elle se base donc sur des faits et des enquêtes documentées. Elle veut juger Vladimir Poutine pour le crime de guerre de "déportation illégale d’enfants", pour avoir transféré ces enfants en 2022 des zones occupées d’Ukraine vers la Fédération de Russie. Selon l’ONU, il s’agirait d’enfants qui ont perdu leurs parents ou qui auraient été séparés de leur famille par les combats. On parle de plusieurs milliers d’enfants et 300 seulement seraient revenus. Ces enfants auraient été soumis à une forme de "rééducation", parfois accompagnée d’entraînement militaire. Des déportations pour "russifier" ces jeunes esprits avant de les proposer à l’adoption par des couples russes. "Maintenant qu’ils sont devenus des citoyens russes, la tutelle temporaire peut devenir permanente" disait la commissaire présidentielle russe aux droits de l’enfant à l’été 2022.
Mais ce mandat d’arrêt international ne vaut donc presque rien… On entend beaucoup d’expressions au sujet de ce voyage officiel. Vladimir Poutine joue-t-il avec le feu? Est-ce qu’il tente le diable? Est-ce qu’il fait un pied de nez à la communauté internationale? Est-ce qu’il la teste? Il n’empêche que même si ce mandat d’arrêt reste symbolique, le fait qu’on se pose la question rappelle que Vladimir Poutine est un paria à l’international, mis au ban des nations. Depuis un an et demi, le président Russe a manqué des sommets internationaux. Il n’a visité que la Chine, la Corée du Nord et l’Azerbaïdjan, des pays amis. Et donc la Mongolie ce mardi.