Au moins 413 morts dans des bombardements israéliens sur Gaza malgré le cessez-le-feu

Des frappes israéliennes sans précédent depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier ont fait au moins 330 morts à Gaza, a annoncé mardi le ministère de la Santé du Hamas. Le Hamas a accusé Israël de "reprendre la guerre".
Ces frappes portent un coup majeur à la trêve, à l'heure où les négociations indirectes menées par les pays médiateurs sur la suite du cessez-le-feu sont au point mort. Un dirigeant du Hamas a toutefois affirmé que le mouvement islamiste travaillait "avec les médiateurs pour freiner l'agression d'Israël", alors que le Hamas n'avait pas, dans un premier temps, riposté aux frappes israéliennes.
Les Forces de défense israélienne et l'Agence de sécurité intérieure ont revendiqué "des frappes étendues sur des objectifs terroristes appartenant à l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza", dans un communiqué commun sur Telegram, avant d'ordonner à la population du territoire d'évacuer les zones frontalières.
Mardi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "plus de 413 morts, en majorité des enfants et des femmes palestiniens, et des centaines de blessés". La Croix-Rouge a annoncé que "de très nombreuses structures de santé sont littéralement débordées".
Libération des otages
Ces frappes, décidées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Israël Katz, font "suite au refus répété du Hamas de libérer nos otages ainsi qu'à son rejet de toutes les propositions qu'il a reçues de l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs", a indiqué le gouvernement. "Israël agira dorénavant contre le Hamas avec une force militaire accrue", a souligné la même source. La présidence des Etats-Unis a déclaré avoir été consultée par Israël en amont des frappes.
M. Katz a averti que les combats ne cesseraient pas "tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux". Plus tôt dans le mois, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait mis en garde le Hamas contre des conséquences qu'il "ne pouvait imaginer" s'il ne libérait pas les otages encore retenus à Gaza. Et des médias israéliens avaient rapporté que le système de pression élaboré par M. Netanyahu, baptisé "plan enfer", comprenait l'arrêt de l'approvisionnement en électricité.
Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, 58 otages sont encore retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l'armée israélienne.
Le cessez-le-feu "torpillé" dénonce le Hamas
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a accusé Benjamin Netanyahu de "torpiller" la trêve et de vouloir "sacrifier" les otages. En Israël, des familles d'otages ont demandé mardi à M. Netanyahu "d'arrêter de tuer" leurs proches.
Le chef du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza, Essam al-Dalis, a été tué dans les frappes aériennes, a annoncé mardi le mouvement islamiste dans un communiqué. Il fait partie d'une liste de quatre "dirigeants du gouvernement" de Gaza diffusée par le Hamas dans un "communiqué de condoléances", qui comprend également le ministre adjoint de l'Intérieur, le général Mahmoud Abou Watfa, et le directeur général des services de sécurité intérieure, le général Bahjat Abou Sultan.
Selon un responsable israélien qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, ces frappes "préventives" ont visé "des commandants militaires de grade intermédiaire, des membres de la direction du Hamas ainsi que des infrastructures terroristes". Celles-ci sont menées en vue d'empêcher le Hamas de "reconstituer des forces et de se réarmer", a-t-il ajouté. L'offensive se poursuivra "aussi longtemps que nécessaire" et s'étendra au-delà du seul recours à des frappes aériennes, a souligné cette source.
Le dirigeant israélien "a décidé de reprendre la guerre d'extermination dans laquelle il voit une bouée de sauvetage pour les crises internes" que traverse Israël, a souligné l'organisation islamiste dans un communiqué. "La décision de Netanyahu de reprendre la guerre est une décision de sacrifier les prisonniers (les otages aux mains du Hamas ou de ses alliés, ndlr) et une condamnation à mort à leur encontre", ajoute le texte.
Réactions internationales
Le chef de l'ONU Antonio Guterres est "choqué par les frappes israéliennes" à Gaza, a indiqué mardi un porte-parole des Nations unies. "Il lance un appel pressant pour que le cessez-le-feu soit respecté, que l'aide humanitaire sans entrave soit rétablie et que les otages restants soient libérés sans condition", a déclaré Rolando Gomez lors d'un point de presse à Genève, où le secrétaire général mène des discussions informelles sur Chypre.
L'Egypte a condamné "fermement" ces frappes, les qualifiant de "violation flagrante" du cessez-le feu, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. La Turquie a elle aussi dénoncé "une nouvelle phase" dans la "politique génocidaire" d'Israël. Le Kremlin s'est dit "préoccupé" par "l'aggravation des tensions" à Gaza. La Chine a appelé toutes les parties à empêcher une "catastrophe humanitaire".
Le Hamas a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir en urgence. Une réunion était déjà prévue, avant les frappes, mardi à 10H00 (14H00 GMT).