Bloquer les transferts d'argent des particuliers vers les pays qui refusent le rapatriement de leurs ressortissants: quelle utilité?
C’est un appoint vital pour les pays pauvres. Selon la Banque mondiale, plus de 700 millions de personnes dans le monde dépendent directement des envois de fonds des migrants installés dans les pays développés.
C monte à 540 milliards de dollars pour 2020, une somme qui a peu baissée malgré la crise sanitaire, et qui s’est avérée supérieure au cumul des investissements privés et de l'aide publique au développement. Pour certains pays africains, ces transferts peuvent représenter jusqu'au 30 % de leur richesse nationale.
Depuis la France ce sont 19 milliards d’euros qui ont été expédiés l’an dernier, dont une grosse dizaine vers l’Afrique dont la moitié vers le Maghreb.
Est-ce que cette mesure pourrait être efficace, inciter les gouvernements des pays concernés (Maghreb, Afrique sub saharienne) à être plus coopératifs?
Pas forcément parce que la France a aussi beaucoup à perdre. Sur le plan économique 1.200 sociétés françaises en Tunisie, 750 au Maroc, 450 en Algérie, la France ne cesse de perdre du terrain par rapport à d’autres pays (Chine bien sur, mais aussi la Turquie). Et donc ces pays peuvent aussi prendre des mesures de rétorsion.
Tous les travaux académiques vont dans le même sens: l'argent des diasporas est favorable à la croissance dans le pays d’origine comme dans le pays de destination des migrants.
Ce sont des sanctions qui pourront être contournées
L’exemple de Cuba montre que ce sera contourné. Sous la pression de Donald Trump, Western Union a dû quitter Cuba. Beaucoup se sont tournés vers des transferts de particulier à particulier.
Pour les plus connectés, il y a les cryptomonnaies qui ont de plus en plus de succès à Cuba. Certains se sont reconvertis: la famille à l’étranger envoie des bitcoins et des Cubains les changent en monnaie nationale.