Comment la stylométrie a permis de retrouver la trace du leader des complotistes QAnon

C’était l’un des mystères les mieux entretenus d’Amérique, et en effet, le voile commence à se lever. Qanon, c’est ce mouvement qui voit en Donald Trump un sauveur mondial, seul à même de démanteler un grand complot pédophile fomenté et les démocrates et les médias.
Le gourou de cette espèce de tribu se fait appeler Q, il se fait passer pour un haut fonctionnaire qui a accès à des informations secret défense, et il a déjà publié près de 5.000 messages sans que l’on sache vraiment qui il est.
Et en fait, il semble que Q soit…deux personnes qui publieraient en alternance. Un père et son fils, Jim et Ron Watkins. Le premier est homme d’affaires et ancien militaire. Le second est juste son enfant, et ces deux-là sont déjà suspectés aux Etats-Unis d’être derrière le mouvement
Comment est-on arrivé à obtenir ces informations?
On doit cette avancée à une startup suisse fondée par un ancien micro biologiste. Sa technologie s’appelle la stylométrie. C’est l’analyse de la syntaxe, du vocabulaire, du style d’un texte pour en déterminer l’auteur. Une sorte de graphologie numérique.
Le patron de l’entreprise explique que "lorsque nous écrivons, nous créons une signature très personnelle, c’est comme une empreinte digitale". En trois semaines, tous les messages de Q ont été disséqués, et comparés à des millions de textes rédigés par autant d’auteurs, c’est ainsi que sont sortis les noms de Jim et Ron Watkins.
Cette technologie a déjà produit des effets impressionnants
Elle a permis de relancer l’enquête sur l’Affaire Grégory. En décembre dernier, la société suisse avait été sollicitée pour trouver l’identité du Corbeau.
L’écrivaine italienne Elena Ferrante, dont le roman L’amie prodigieuse a fait le tour du monde, était inconnue. Personne ne l’avait jamais vue, personne ne savait qui elle était. Et pour cause, c’était en fait un homme, Domenico Starnone, démasqué par la stylométrie.