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Droits de douane: pourquoi Donald Trump a finalement fait marche arrière?

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Donald Trump a surpris, mercredi 9 avril, en annonçant la suspension pour 90 jours des surtaxes douanières pour l'ensemble des pays, sauf la Chine. Une décision inattendue, mais qui s'explique pour plusieurs raisons.

Trump n'en finit plus de jouer avec les nerfs des partenaires commerciaux des États-Unis. Alors que les surtaxes douanières mondiales étaient entrées en vigueur ce mercredi 9 avril, il a annoncé quelques heures plus tard qu'elles étaient finalement suspendues et ce, pour une durée de 90 jours.

Tous les pays qui s’étaient vus imposer ces taxes sont concernés… sauf la Chine. Pour ce pays, les droits de douane ont même été relevés à 125 %, contre 104 % la veille. Pour les autres pays, les surtaxes ne sont pas complètement suspendues : elles restent à 10% et même à 25% sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, comme l'explique Antoine Heulard, correspondant RMC à Washington D.C.

"Un retour à la réalité"

Donald Trump a justifié ce changement de cap en disant qu’il fallait "être flexible". Certains des proches du président américain ont même tenté d'expliquer qu'il s'agissait du plan qu'il avait prévu initialement. Selon Denis Ferrand, directeur général à Rexecode, invité de Apolline Matin ce jeudi 10 avril, il s’agit surtout "d’un retour à la réalité". Il explique : "Il y a eu une inquiétude qui s’est manifestée sur les marchés boursiers mais également sur les marchés de taux, avec une hausse très importante du taux d’intérêts sur les obligations américaines".

C’est donc en voyant l’impact de ses décisions sur les investisseurs et les marchés que l'occupant du Bureau ovale a décidé de faire marche arrière, temporairement.

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Le président américain a aussi indiqué que cette pause se justifiait par "la volonté de plus de 75 pays de négocier" sur une partie des droits de douane réciproques. "Cela venait du coeur", l'idée étant de ne "pas faire de mal" à ceux qui sont prêts à discuter, a-t-il ajouté.

Des négociations sur des secteurs clés

Les négociations, justement, vont pouvoir se mettre en place. "Maintenant, il s'agit de se mettre ensemble et qu'on s'organise parce qu'il [Donald Trump] continue à vouloir imposer des droits de douane sur des secteurs clés pour nous, Européens, comme l'automobile ou la santé. Il faut négocier. À la fin il dira qu'il a gagné quelque chose, on sait bien comment il fonctionne, mais il faut négocier", a indiqué Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur et ancien ministre de l'Économie.

Cependant, les décisions prises par le président américain ne sont pas sans conséquence. Si un net rebond sur le marché boursier américain a été observé après les annonces de mercredi soir, "la confiance est brisée", d'après Olivier Redoulès, économiste, chargé du pôle étude de Rexecode. "Peu importe ce qui va se passer dans les mois à venir, je pense que collectivement beaucoup de chefs d’entreprise et d’investisseurs vont attribuer une prime de risque à leurs activités aux Etats-Unis. C’est-à-dire que les Etats-Unis sont moins sûrs et on peut moins leur faire confiance que par le passé".

Lisible, sûre et fiable : ces principes, qui ont fait le succès de l'économie américaine, semblent désormais s'éloigner.

En France, le gouvernement a ramené à 0,7% sa prévision de croissance de l'activité économique française en 2025, contre 0,9% prévu précédemment, "compte tenu des incertitudes", a annoncé mercredi le ministre de l'Economie Eric Lombard sur TF1.

Alfred Aurenche avec Astrid Bergere