"Il peut déstabiliser des régions": comment négocier avec Trump sur les droits de douane?

Les bourses chutent, les économies du monde entier s'inquiètent, "des voix s'élèvent au sein même de son gouvernement", mais Donald Trump "signe et persiste". Le président américain n'est pas prêt de revenir en arrière selon Jean-Claude Beaujour, avocat spécialiste des États-Unis, invité d'Apolline Matin.
Ce dernier remarque "déjà des petits tremblements de terre" dans l'administration du chef d'État américain: "Le secrétaire au commerce a une position forte alors que son secrétaire au trésor dit 'attention, il faudra peut-être négocier'."
Trump veut marquer l'histoire
Malgré ces divergences, Donald Trump veut "continuer dans cette voie". "Le président pense d'abord à ses électeurs, car il leur a promis de faire des États-Unis un grand pays, un pays qui a de la force, de la puissance", souligne, sur RMC, Jean-Claude Beaujour, qui rappelle que le président américain est "un ancien patron habitué aux gros deals".
Son objectif est "de faire une Amérique différente". "Pour son second mandat, il veut laisser quelque chose et il est persuadé qu'en faisant ainsi, il laissera une Amérique grande", détaille l'avocat spécialiste des États-Unis.
En négociateur averti, Donald Trump, par l'intermédiaire de son gouvernement, a assuré, dimanche, que "plus de 50 pays" avaient approché son administration "au sujet d'une réduction de leurs barrières douanières et de leurs droits de douane".
Des négociations à venir
Mais le président des États-Unis va devoir s'adapter à chacun de ses interlocuteurs, qui ne lui réserveront pas les mêmes demandes. "Les Chinois qui ne cèderont pas, il ne pourra pas faire aux Chinois ce qu'il a fait avec Zelensky. Il va devoir négocier avec les Chinois par exemple", remarque Jean-Claude Beaujour. La Chine a promis, mardi, de combattre les droits de douane américains "jusqu'au bout", malgré les menaces de Donald Trump. Les négociations s'annoncent tendues.
"Ça peut être négocier les taux, négocier commercialement secteur par secteur, ça peut-être sur des normes. L'idée pour lui c'est que le commerce qu'il entretient avec untel ou untel sera mieux équilibré", ajoute l'avocat.
Mais pour d'autres pays, dont l'économie est beaucoup plus dépendante aux exportations outre-Atlantique, comme le Vietnam, Donald Trump "peut totalement déstabiliser des régions si il allait trop loin". Toutefois, "il n'a pas non plus intérêt à ce que tout s'effondre", promet Jean-Claude Beaujour, qui "espère que ses conseillers finiront par lui faire entendre raison".
Les consommateurs pourraient bien être les premiers impactés par la hausse des droits de douane. Le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, a estimé, mardi lors du Face-à-Face, à "4 ou 5%" l'inflation qui touchera les foyers américains dès la fin de l'année.