Droits de douane: Donald Trump se félicite que de nombreux pays "lèchent le cul" de Etats-Unis pour négocier

Les droits de douane de Donald Trump sur les produits importés sont entrés en vigueur ce mercredi 9 avril. Un moment déstabilisant pour les marchés mondiaux: quelque 60 pays sont concernés par des surtaxes supplémentaires. Parmi eux figurent les 27 Etats membres du bloc européen, qui se voient appliquer un taux de 20%.
La veille, le président américain a réalisé un discours à l'occasion de la soirée des donateurs du Comité républicain national du Congrès, affirmant que les pays faisaient la queue pour négocier avec lui désormais.
"Ces pays m'appellent, me lèchent le cul (...) Ils meurent d'envie de conclure un accord (...) S'il-vous-plaît, s'il-vous-plaît, monsieur, passez un accord. Je ferai n'importe quoi", a-t-il déclaré.
Donald Trump veut rassurer les Américains en leur montrant que sa politique porte déjà ses fruits. D'abord, il assure que les droits de douane rapportent 2 milliards de dollars par jour. Rien d'étonnant, cela fait partie de son programme: il a promis aux Américains des baisses d'impôts massives financées par les taxes douanières.
Le chef d'Etat se félicite aussi de voir que les Etats-Unis sont au centre du jeu avec ses dizaines de pays qui toquent à sa porte pour négocier. Il veut montrer que Washington est en position de force pour obtenir un maximum de concessions.
Des taux sévères pour la Chine
Donald Trump perçoit les droits de douane comme un outil de négociation de taille pour obtenir de meilleurs accords commerciaux. Il a toutefois essuyé les critiques de ses propres alliés en raison de sa posture particulièrement punitive envers la Chine.
Pour l'adversaire et rival chinois, la Maison Blanche a rendu public un décret "amendé" par Donald Trump, qui a fait grimper de "34%" à "84%" la taxation en principe dorénavant perçue par Washington sur les importations venues de Pékin.
Cette nouvelle hausse avait été annoncée lundi après la riposte de la Chine, qui a décidé de relever de 34 points ses droits de douane sur les produits américains à compter de jeudi.
Ajoutée aux 20% déjà appliqués depuis janvier sur les produits importés de Chine, elle porte à 104% le taux imposé par Washington aux produits "made in China".
Un niveau record qui pousse Pékin à afficher son intransigeance. "Nous continuerons à prendre des mesures fermes et vigoureuses pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes," a ainsi prévenu un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en invoquant "le droit inaliénable et légitime au développement du peuple chinois".
La France prête à "négocier en étant forts et unis"
Du côté de la France, Emmanuel Macron a émis l'espoir ce mardi que son homologue américain "revienne sur sa décision" sur les droits de douane imposés au reste du monde, et notamment à l'Union européenne.
"L'objectif est d'arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision", a déclaré M. Macron, en déplacement en Egypte. "Si ça doit passer par un moment où l'on doit expliquer qu'on est prêt à répondre, il faudra assumer de le faire", a-t-il ajouté, soulignant que "la France, l'Europe n'a(vait) jamais voulu le chaos".
De son côté, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a déclaré sur RMC et BFMTV que "notre but est de négocier en étant forts et unis", présentant cette posture comme "la ligne du président de la République".
Les Bourses européennes ont ouvert ce mercredi en forte baisse. Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 2,84%, Francfort 2,37%, Londres 2,31% et Milan 2,78%. La Bourse suisse dévissait de 2,86%.
Dans cette vague de perturbations, Donald Trump a annoncé ce mardi qu'il comptait conclure des accords sur-mesure avec chaque pays. "Tout se passe très bien pour nous, on fait ce que j'appelle des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture. À cet instant même, le Japon est en route pour conclure un accord, la Corée du Sud aussi. Et d'autres encore sont en route pour faire des accords avec nous", a affirmé le président américain à la Maison Blanche.