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Entrée dans l’Union, aide financière: des risques de blocage sur l’Ukraine au sommet européen

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La question de l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et de l’aide financière qui lui est apportée est au cœur du sommet européen qui débute ce jeudi à Bruxelles.

Un sommet très important pour l’Ukraine et pour l'Europe s’ouvre ce jeudi à Bruxelles. Les 27 chefs d'État ou de gouvernement européens doivent discuter de l’ouverture des négociations pour l’adhésion de Kiev à l’Union européenne. C’est la question qui est posée: l'Europe doit-elle à terme accueillir l’Ukraine en son sein? L’Ukraine deviendrait aussi le 28e Etat membre, le plus grand géographiquement, le 5e en termes de population avec ses 40 millions d’habitants. Ce serait aussi le pays le plus pauvre, qui monopoliserait une grande partie des subventions. Et une agriculture très puissante qui fait peur à ses voisins. Mais, enfin et surtout, avec l'adhésion de l’Ukraine, ce serait l'entrée en Europe d’un pays en guerre avec la Russie. On comprend que tout cela ouvre des perspectives vertigineuses. C’est l’avenir du continent européen dont il est question…

Dès l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le président Volodymyr Zelensky a fait acte de candidature. C’était une sorte d’appel au secours. L'Europe avait répondu en quatre mois seulement, ce qui est extraordinairement rapide. Et elle avait répondu oui en accordant à l’Ukraine le statut de candidat officiel à l'entrée dans l’Union.

Le mois dernier, la commission de Bruxelles a recommandé de passer à l'étape suivante: l’ouverture des négociations d'adhésion. C’est cela que les 27 doivent valider ce jeudi ou ce vendredi. Sauf que rien n’est moins sûr, parce qu’il faut l’unanimité des 27 pour ouvrir ces négociations. Et un pays s’y oppose formellement, la Hongrie de Viktor Orban.

Opposition hongroise

Officiellement, le Premier ministre hongrois s’oppose à l’ouverture des négociations pour défendre une minorité hongroise qui vit en Ukraine, en Transcarpathie. C’est un confetti de l’ancien empire austro-hongrois. Un territoire récupéré par l’URSS en 1945, puis intégré à l’Ukraine. En 2015, les Ukrainiens ont remis en cause l’enseignement en langue magyar dans cette région, puis ils sont revenus en arrière mais pas assez selon les Hongrois.

Ce conflit linguistique, c’est donc le prétexte avancé par Viktor Orban. La vraie raison, c’est que le dirigeant populiste est le meilleur allié de Vladimir Poutine en Europe, et que l'adhésion de l'Ukraine à l'Europe est le pire cauchemar de Vladimir Poutine.

Du coup, que va-t-il se passer lors de ce sommet? On va peut-être constater un échec, ou on va reculer pour mieux sauter en remettant les décisions au mois de mars. Ou bien encore, on va tenter de négocier avec Viktor Orban.

Ce qui est sûr, c’est qu’une éventuelle adhésion n’est pas pour demain… L’Ukraine, au début de la guerre, avait plaidé pour une procédure express liée à l’urgence de la situation. Mais cette procédure n’existe pas. Les modalités d'adhésion à l'Union européenne sont extrêmement longues. Clément Beaune, lorsqu’il était ministre des Affaires européennes, avait parlé d’une procédure pouvant durer de 15 à 20 ans.

A plus court terme, le sommet de Bruxelles doit aussi étudier ce jeudi une aide financière de 50 milliards d’euros à l'Ukraine. Et là encore, la Hongrie menace d’exercer son droit de véto. Pour contourner ce blocage, il va falloir faire preuve d’imagination. Sans doute transformer l’aide en un prêt, parce que dans ce cas-là, l'unanimité des 27 n’est pas requise.

En tout cas, si l’on ajoute que les aides américaines sont elles aussi bloquées par le Congrès, et si l’on constate que la situation militaire sur le terrain n’est pas bonne, on peut dire que l’Ukraine traverse une passe difficile…

Nicolas Poincaré