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Etats-Unis: pourquoi Joe Biden est en grande difficulté avec son plan de relance

Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC, Nicolas Poincaré s’est penché sur la grande difficulté rencontrée par le président américain Joe Biden avec son plan de relance.

Un gros revers pour Joe Biden. Le président américain a appris ce week-end que le Sénat ne votera pas son plan de relance… Et patatras, c’est le cœur du programme du Joe Biden qui se retrouve en carafe. Son fameux plan BBB, "Build back better", qu’on peut traduire par "reconstruire en mieux".

Un programme très ambitieux et très social, voire socialiste pour les Américains. 1.750 milliards de dollars d’investissement. De quoi financer : l’école gratuite pour les enfants de 3 et 4 ans, un congé parental payé de quatre semaines, des aides massives pour les gardes d’enfant de moins de 6 ans, pour les familles modestes, la distribution de repas gratuits dans les écoles, le remboursement des soins auditifs pour les séniors, la construction d’un million de maisons à loyer modéré… Plus tout un volet écolo: l'électrification dans tout le pays des bus de ramassage scolaire, les fameux bus jaunes, le passage à l'électrique aussi pour tous les camions de la poste, et la création d’une armée de volontaires pour le climat avec des centaines de milliers de jeunes embauchés pour planter des arbres.

Voilà le grand projet de Biden : "un plan de relance", disait-il, "dont on parlera encore dans 50 ans"… Sauf que le Sénat ne le votera pas en l’état. Le Sénat compte 100 sénateurs, 50 républicains et 50 démocrates. Et le démocrate Joe Biden passe ses textes grâce à la voix prépondérante de la vice-présidente. Mais il suffit qu’un de ses amis, un seul démocrate, fasse faux bond, et rien ne va plus.

Et ce grain de sable, cet empêcheur, il s’appelle Joe Mancin, sénateur de Virginie occidentale. Il a déclaré dimanche : "Je ne peux pas. Humainement, je ne peux pas voter pour ça". Joe Mancin est devenu le cauchemar de Joe Biden. C’est un homme de 74 ans qui a fait fortune dans le charbon et dont les campagnes électorales sont financées par l’industrie pétrolière. Il n’accepte pas le volet écologiste du plan de relance, qui prévoit de fermer les sites industriels les plus polluants en indemnisant les entreprises. Il se trouve que de nombreux sites polluants se trouvent en Virginie occidentale.

Il se trouve aussi que Joe Mancin est le plus conservateur des élus démocrates. Contre le mariage gay, contre l’avortement, pour la liberté de porter des armes et surtout champion de la lutte contre les déficits. Et donc aux côtés des Républicains pour dénoncer la folie dépensière de Joe Biden.

Joe Biden se retrouve donc en grande difficulté. Incapable d’imposer sa grande réforme sociale et en difficulté sur la question sanitaire et sur l’économie, parce que l’inflation est de retour et fait peur aux Américains. Les prix augmentent actuellement de plus de 7% en rythme annuel, ce qui est une très mauvaise nouvelle pour les retraités.

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Déjà plus de jours de congés que Trump

Et puis le pays est aussi confronté au Covid. Joe Biden a essayé d’imposer la vaccination obligatoire pour tous les employés des entreprises de plus de 100 salariés. Un tribunal a annulé cette mesure, un autre l'a rétablie vendredi, et le bras de fer juridique va se poursuivre.

Joe Biden se montre très inquiet du nouveau variant Omicron. Il a promis vendredi aux non vaccinés un hiver de "maladies graves et de mort". Dans ce contexte, sa cote de popularité est au plus bas, avec seulement 36% des Américains qui disent encore lui faire confiance. Il pourrait perdre sa majorité lors des élections de mi-mandat en novembre prochain. Alors, pour montrer qu’il est encore là, il a laissé entendre qu’il pourrait se représenter en 2024 pour un deuxième mandat. Il aurait 82 ans au début du mandat, 86 à la fin. C’est assez peu vraisemblable, mais en évoquant l'hypothèse, Joe Biden indique qu’il ne faut pas l’enterrer trop vite.

En attendant, au milieu de toutes ces tempêtes, le vieux président se ménage. Il rentre chez lui dans le Delaware tous les week-ends. La chaîne de télévision CBS a calculé qu’en moins d’un an, il a déjà pris 89 jours de congés. C’est-à-dire plus que Donald Trump, auquel on reprochait de passer ses week-ends sur les terrains de golf. L'Amérique n’est pas dirigée par un bourreau de travail… 

LP