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"Expliquez-nous": comment Boris Johnson se retrouve déjà dans une impasse (et pourrait y laisser sa veste)

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Le bras de fer se durcit entre Boris Johnson et le Parlement britannique sur la question du Brexit. Le premier ministre, privé de majorité, vient de se faire confisquer l’ordre du jour par les députés. Les députés de l'opposition ont pu compter sur le vote de 21 députés conservateurs rebelles pour l'emporter.

C’est une image qui fera date qui résume à elle seule la soirée qu’a passée le Premier ministre britannique Boris Johnson, mardi. Alors qu’il était sur le grill à la chambre des communes, face à des députés très excités, l’un de ces députés, un conservateur du parti du Premier ministre est sorti discrètement, puis il est revenu et s’est installé comme si de rien n’était, sur les bancs d’en face, avec l’opposition. 

Boris Johnson, qui était en train de parler, l’a vu et il a compris qu’il venait de perdre sa majorité, puisqu’il n’avait qu’une voix d’avance. Ce député frondeur s’appelle Philip Lee, c’est un ancien ministre de la Justice, il est pro-européen, et il a expliqué qu’il ne quittait pas son parti, que c'était son parti qui le quittait. 

À partir de la là, les députés ont organisé une fronde. Ils ont voté cette nuit, un texte pour prendre le contrôle de l’agenda du parlement. Adopté largement avec les voix de l’opposition et de 22 conservateurs rebelles. Ce député frondeur s’appelle Philip Lee, c’est un ancien ministre de la Justice, il est pro-européen, et il a expliqué qu’il ne quittait pas son parti, que c'était son parti qui le quittait. 

Un délai supplémentaire demandé à Bruxelles

Avec ce texte, ce sont maintenant les députés qui décident de quoi ils parlent. Et ce qu’ils décident, c’est de voter dès aujourd’hui un texte interdisant la sortie de l’Europe sans accord, le fameux "no deal". Ils obligent ainsi Boris Johnson à demander aux Européens un délai supplémentaire jusqu’au 31 janvier 2020. Chose dont il ne veut pas entendre parler. Il parle d’une loi de reddition, qui l'obligerait à aller à Bruxelles à la mi-octobre la corde au cou. Les Européens, en position de force, dit-il, pourrait dicter leur condition. Hors de question donc pour Boris Johnson qui va donc dès aujourd’hui appeler à des élections générales pour le 14 ou le 15 octobre.

Sauf que le Premier ministre ne peut pas dissoudre la chambre des communes sans l’accord des députés. Il lui faut l’accord de deux tiers des députés. Autrement dit l’accord de son opposition de gauche. Hier soir les leaders du parti travailliste, expliquaient qu’ils n'étaient pas sûrs de voter cette dissolution. Ils souhaitent des élections générales en espérant les gagner et renverser Boris Johnson, mais ils estiment qu’il est plus important encore de d’empêcher le "no deal".

Un bras de fer

Donc deux cas de figure se présentent, soit les travaillistes acceptent la dissolution et les Anglais voteront pour arbitrer à la mi-octobre. Soit les travaillistes refusent. Et là, ce serait un cas de figure inédit et une situation de blocage.

Si vous avez du mal à suivre, je vous rassure, sur les chaînes anglaises, on voyait hier soir les meilleurs politologues du pays dire qu’ils étaient incapables de dire ce qui va se passer dans les deux jours qui viennent. Et encore moins dans les deux mois qui viennent. C’est donc un bras de fer, entre le Premier ministre et le Parlement. Entre ceux qui pensent comme Boris Johnson qu’il faut en terminer au plus vite, plus de trois ans après le référendum sur la sortie de l’Europe, et ceux qui pensent qu’une sortie sans accord serait une catastrophe.

Nicolas Poincaré