Filière jihadiste de Lunel: "Tout le monde en parlait" lance l'un des prévenus

L'ombre des morts et des absents a plané au-dessus de la première journée du procès de ce qu'on appelle "la filière de Lunel", du nom de cette petite ville de l'Hérault d'où est partie une vingtaine de jeunes vers l'Etat islamique. Une première audience au tribunal de Paris qui a notamment permis de rappeler avec quelle facilité ces jeunes ont pu partir et s'organiser.

L'ombre des morts et des absents jeudi pour la première journée du procès de ce qu'on appelle "la filière de Lunel".

Une vingtaine de jeunes de cette petite ville de l'Hérault, 26.000 habitants, ont rejoint l'Etat Islamique de novembre 2013 à l'été 2014. Deux sont revenus, huit sont présumés morts sur place, les autres sont toujours recherchés.

Dans le box et sur le banc des prévenus, 5 hommes sont jugés jusqu'à mercredi prochain. Deux sont allés sur place, les 3 autres sont poursuivis pour avoir apporté une aide logistique ou financière.

Aller-retour en France pour du shopping

Cette première audience a notamment permis de rappeler avec quelle facilité ces jeunes ont pu partir, et s'organiser. Au début de l'audience, la présidente de la 16ème Chambre correctionnelle égrène les dates de départs: novembre 2013, janvier 2014, mai 2014, décembre 2014...

Pendant 13 mois, des frères, des amis, des couples rejoignent la Syrie et ses groupes terroristes naissant. "Tout Lunel en parlait" lance l'un des prévenus. Et pourtant aucun de ces départs ne semblent avoir alerter les autorités.

En mars 2014, une jeune femme revient en France pendant un mois sans être inquiéter: elle se pose à l'aéroport de Marseille avec un peu d'argent en poche, retrouve sa belle-famille… Son époux, un français jihadiste, lui a donné une liste de choses à ramener. La jeune femme va donc faire des courses dans un magasin de sports et repart en Syrie en avril 2014.

Les premières arrestations à Lunel auront lieu 9 mois plus tard, deux semaines après l'attentat de Charlie Hebdo.

P. G. avec Céline Martelet