France-Israël: "L’occasion de rappeler la force de notre lien"

N’ayons pas peur des mots. Israël est l’ami de la France. D’ailleurs, l’Etat hébreu a toujours pu compter sur nous. Alors parfois, on s’engueule un peu, mais dans les moments importants, on est là. Pourtant, on a l’habitude de dire que justement, la France entretient des relations ambigües avec l’Etat hébreu, qu’elle ne lui passe pas tout… C’est vrai qu’historiquement, la France a de bonnes relations avec le monde arabe, donc forcément ça pose des problèmes avec Israël. Et surtout, nous avons toujours été pour un Etat palestinien.
Là-dessus, nos présidents sont depuis longtemps alignés, droite-gauche confondues. En 1974, Valérie Giscard d’Estaing déclare que le peuple palestinien doit "disposer d’une patrie". En 1982, devant le parlement israélien, François Mitterrand rappelle qu’avoir un Etat est un droit pour le peuple palestinien. Et bien sûr, on se souvient tous de Jacques Chirac à Jérusalem qui engueule des soldats israéliens qui bousculaient tout le monde: "Do you want me to go back to my plane". La séquence est devenue culte. Un grand pays venait de dire "non" à Israël, tout un symbole.
Une sorte de double jeu
Donc on cultive notre indépendance, à la française. On fait les oufs devant les caméras, mais derrière, on finit toujours par aider Israël. Notre histoire commune commence en 1941. Le général de Gaulle est à Londres et il envoie un représentant diplomatique permanent de la France libre à Tel Aviv. Presque dix ans avant la création de l’Etat d’Israël, ce n’est pas rien. En 1960, le même général de Gaulle accueille Ben Gourion, le fondateur de l’Etat d’Israël, en l’appelant "le plus grand chef d’Etat de ce siècle".
Alors, c’est vrai que l’ambiance change un peu au moment de la Guerre des six jours, en 1967. De Gaulle condamne Israël, en parlant des juifs comme "d’un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur". L’histoire va retenir cette phrase effectivement malheureuse. Mais en réalité, c’était surtout pour épater la galerie. Puisque, dans le même temps, de Gaulle autorise des livraisons d’armes à l’Etat hébreu. Elles lui seront d’ailleurs bien utiles pour gagner la guerre. Et de Gaulle refuse même de condamner Israël à l’ONU! Cette anecdote résume tout.
Une sorte de double jeu, si on veut. Diplomatiquement, la France a une tradition d’indépendance. Et n’est l’otage de personne. Disons qu’on pratique le "en même temps". Oui à la création d’un Etat palestinien, mais jamais au prix de la mise en danger de l’existence d’Israël. Et si on accepte que ce match de foot se passe à Paris, c’est justement pour rappeler que, même si on n’est pas d’accord avec tout, on ne renie pas notre passé commun.