Gaza: Macron et les dirigeants égyptiens et jordaniens appellent à un "cessez-le-feu immédiat"

Face à la situation au Proche-Orient, Emmanuel Macron a eu des mots forts. Dans une tribune publiée dans Le Monde, le président français signe, avec le président égyptien Fattah Al-Sissi et le roi jordanien Abdallah II, un appel pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Les dirigeants mettent aussi en garde Israël contre les "conséquences dangereuses" d'une offensive à Rafah.
"La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu'elle entraîne doivent cesser immédiatement".
Voilà comment les trois dirigeants français, égyptiens et jordaniens prennent la plume pour exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent.
Une prise de position ferme, plus d'une semaine après une résolution votée en ce sens au conseil de sécurité de l'ONU. Dans cette tribune, les chefs d'Etat réclament aussi la libération de tous les otages tout en alertant Israël des risques d'une offensive sur Rafah où plus d'un million et demi de civils palestiniens ont trouvé refuge.
Une telle offensive "ne fera qu'accroître les pertes humaines et les souffrances", écrivent les dirigeants et "entraîner une menace d'escalade dans la région".
L'Égypte craint un afflux de réfugiés
Les trois chefs d'Etat dénoncent aussi la famine à Gaza. Les mots sont importants et la France n’avait pas été si claire sur ce sujet jusqu'à présent. “Les Palestiniens de Gaza”, dit le texte “ne sont plus seulement exposés à un risque de famine, celle-ci s’installe déjà”. En réaffirmant leur "égal respect de toutes les vies", les dirigeants insistent sur la nécessité d'augmenter l'acheminement de l'aide humanitaire et leur détermination à faire aboutir la solution à deux Etats.
Alors qu’est-ce qui explique cette initiative commune de ces trois pays? Certainement l'imminence de la bataille de Rafah. Rafah est la dernière grande ville de la bande de Gaza qui n’a pas été envahie par l'armée israélienne. Elle est tout au sud du territoire palestinien. Elle comptait environ 200.000 habitants avant le 7 octobre, la population est maintenant de plus d’un million et demi de personnes. C'est-à-dire que se pressent et s'entassent à Rafah tous les réfugiés de toutes les localités qui ont été envahies et en grande partie détruites par l'armée israélienne.
Pour le Premier ministre israélien, il n’est pas question de ne pas attaquer Rafah parce que selon lui, les chefs du Hamas s’y trouvent certainement. Lundi, Benyamin Netanyahu a indiqué qu’il avait fixé la date pour l’offensive sur Rafah. Une façon d’ignorer les nombreux appels qu’il a reçus en particulier de ses alliés américains qui craignent une catastrophe humanitaire.
Et le président égyptien a une autre raison de craindre cette attaque. Au sud de Rafah, il n’y a plus que la frontière égyptienne. Et les combats pourraient pousser la population à forcer les postes-frontières pour se réfugier en Egypte. C’est un scénario cauchemar pour les Égyptiens qui ont fait savoir que dans ce cas-là, ils ne feraient rien pour empêcher ces réfugiés de prendre des bateaux pour rejoindre l'Europe.