Guerre en Ukraine: Donald Trump négocie avec Vladimir Poutine, "l'impression d'un dossier sacrifié"

Le Kremlin a indiqué jeudi vouloir "assez rapidement" une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump, disant vouloir, au-delà de l'Ukraine, évoquer la sécurité en Europe et les préoccupations de Moscou.
Vladimir Poutine et Donald Trump se sont parlés au téléphone mercredi, convenant de commencer "immédiatement" des négociations sur la fin de l'offensive russe en Ukraine, lancée en 2022. Les deux dirigeants se sont également dit prêts à se rencontrer en tête-à-tête, une réunion qui devrait se tenir en Arabie Saoudite, selon Donald Trump.
Une rencontre "assez rapidement"
"Il est certainement nécessaire que cette réunion se tienne assez rapidement, les chefs d'Etat ont beaucoup de choses à se dire", a déclaré jeudi aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Dans la foulée, le président américain a informé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. La gestion du dossier ukrainien par Donald Trump est considéré comme une vraie rupture, selon David Teurtrie, maître de conférences et spécialiste de la région: "L'équipe de Biden disait toujours: 'On ne négociera jamais sans la participation de l'Ukraine. Là, c'est un dialogue direct sans la participation de Zelensky dans ce premier contact. On a l'impression que le dossier ukrainien est sacrifié à d'autres priorités".
Trump accorde des gages à Poutine
Les États Unis ont d'ores et déjà dressé quelques lignes rouges, plutôt favorables à Moscou : ils rejettent une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'Otan et n'envisagent pas de rendre à l'Ukraine la Crimée et le Donbass, annexés par la Russie en 2014.
Les chefs de la diplomatie espagnole, allemande et française ont affirmé mercredi à Paris qu'aucune décision sur l'Ukraine ne pouvait se prendre "sans Kiev" et sans la participation des Européens. "Il n'y a pas de trahison", a déclaré Pete Hegseth depuis le siège de l'Alliance à Bruxelles. "Il y a la reconnaissance que le monde entier et les Etats-Unis sont investis dans la paix, une paix négociée", a-t-il ajouté, avant le début d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan.
Mais l'Allemagne, deuxième plus important contributeur d'aide militaire à l'Ukraine après Washington, est loin d'être rassurée. Son chancelier Olaf Scholz a dit jeudi refuser une "paix imposée" à l'Ukraine, et son ministre de la Défense Boris Pistorius s'est montré critique de la méthode Trump.
L'UE veut être associée aux négociations
Il est "regrettable" que le président américain Donald Trump ait fait des "concessions" à Vladimir Poutine sur l'Ukraine "avant même le début des négociations", a-t-il affirmé devant la presse.
L'UE insiste sur la nécessité que rien ne se fasse sans l'Ukraine et que l'Europe soit bien présente à la table des futures discussions. L'Ukraine doit être "étroitement engagée" dans toute négociation de paix et tout accord doit être "durable", a averti le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.
"Il ne peut pas y avoir de négociation sur l'Ukraine sans l'Ukraine", a affirmé de son côté le ministre britannique de la Défense John Healey, faisant écho à des déclarations similaires de ses collègues des Affaires étrangères mercredi à Paris.
"Pour nous, il est tout à fait naturel que nous, en tant qu'Alliés européens, soyons engagés dans ces discussions", a affirmé le ministre suédois de la Défense Pal Jonson. L'an dernier, nous avons fourni environ 60% du soutien militaire" à l'Ukraine, a-t-il rappelé.
Mais pour les Etats-Unis, il appartient désormais aux Européens d'assurer l'essentiel de ce soutien en Ukraine. Et c'est à eux que reviendra la nécessité de mettre en oeuvre des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine, sans compter sur des troupes américaines sur le sol ukrainien.