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Hausse des droits de douane: Thierry Breton redoute "une surenchère destructrice"

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Donald Trump a annoncé une augmentation drastique des droits de douane sur les voitures et les pièces détachées étrangères qui rentrent aux États-Unis. L'ancien commissaire européen Thierry Breton estime que la contre-attaque de l'UE doit porter sur "les produits qui sont déjà taxés pour éviter une surenchère destructrice".

Donald Trump est entré dans une "logique de guerre commerciale", estime ce vendredi sur RMC-BFTMV l'ancien commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton. Le président américain a décidé de porter de 2,5 à 27,5% les droits de douane sur les voitures étrangères qui entrent aux États-Unis. Les pièces détachées automobiles subiront le même sort, "au plus tard le 3 mai", a précisé le chef d'État.

L'objectif de ces mesures est notamment "de dire 'venez créer des usines et construire sur le sol américain'" aux constructeurs étrangers, analyse Thierry Breton dans le Face-à-Face. Mais il estime que cela pourrait avoir un impact négatif pour le pays de Donald Trump:

"À la fin qui paie cette augmentation? C'est le consommateur américain", assure Thierry Breton

"Si jamais ces mesures s'appliquent, tous les véhicules confondus, même ceux construits aux États-Unis, vont augmenter en moyenne de 5.000 à 10.000 dollars", détaille Thierry Breton, parce que l'immense majorité des véhicules des marques américaines sont fabriqués à l'aide de pièces importées de l'étranger, "du Mexique, du Canada, de l'Europe, de la Corée du Sud et du Japon".

Les constructeurs allemands seront les plus impactés par cette hausse. Ils exportent 640.000 véhicules par an outre-Atlantique, soit l'immense majorité des 700.000 voitures européens qui y arrivent chaque année. Porsche, qui exporte 100% de ses voitures vendues aux États-Unis depuis ses usines allemandes, est le plus menacé. Mercedes l'est également parce que la marque vend un quart de ses voitures dans le pays que préside Donald Trump.

Un impact moins important en France

En France, l'impact serait plus mesuré, les modèles françaises se vendent mal aux États-Unis, quelques milliers d'exemplaires par an, pas plus. En revanche, les équipementiers français, comme Valéo ou Forvia seront doublement touchés. Les pièces détachées qu'ils fabriquent à destination du marché américain seront surtaxés et leurs carnets de commande risquent de s'alléger à cause de la baisse prévisible de la production automobile en Europe.

Pour contre-attaquer, "la Commission européenne va faire une proposition pour taxer aussi. Elle va le faire très vite", pense Thierry Breton. "Si on doit réajuster, on doit le faire sur tous les produits. Pas plus mais toujours pas moins."

Selon lui, "il vaut mieux prendre les produits qui sont déjà taxés pour éviter une surenchère destructrice". Mais Donald Trump ne semble pas prêt de s'arreter. Grâce à ces frais de douane supplémentaires, le président américain espère récupérer 100 milliards de dollars par an et ainsi réduire la dette de son pays.

TRC