Humanitaires tués au Niger: le pays encerclé par la menace terroriste
Six humanitaires français de l’organisation Acted et leurs deux accompagnateurs nigériens ont été tués dimanche 9 août au Niger à Kouré à une soixantaine de kilomètres de la capitale Niamey. L’action n’a pas été revendiquée tandis qu’AlQaida au Maghreb Islamique a nié son implication dans l’attaque. Mais l’organisation n’est pas le seul groupe capable de la région capable de commettre de tels actes.
"Le Niger est quasiment encadré par les groupes armés salafistes. À l’est c’est Boko Haram et à la frontière avec le Mali c’est l’Etat Islamique au Grand Sahara qui est très présent et très actif", rappelle sur RMC André Bourgeot, chercheur au CNRS, spécialiste du Niger.
D'autres y voient la trace de l'Etat Islamique: "Même si l’action n’a pas été revendiquée, le mode opératoire en moto avec volonté de donner la mort amène à créditer la thèse d’un attentat terroriste", estime Seidik Abba, journaliste et écrivain spécialiste de l’Afrique, alors que la circulation des motos, moyen de transport privilégié des groupes terroristes, est interdite de jour comme de nuit depuis janvier.
"Connaissant cette zone, il pourrait s’agir de Daesh. Depuis qu’ils ont été vaincus au Levant, l’organisation terroriste s’est concentrée sur l’Afrique notamment avec son mouvement Etat Islamique au Grand Sahara", ajoute-t-il. Avant lui, le gouverneur de la région de Kouré a évoqué une "attaque terroriste".
L'aide cruciale des ONG dans la région
Il est déconseillé de se rendre dans la zone, sauf motif impératif, classée en orange par le ministère des Affaires étrangères français, alors que le nord du Niger est lui classé rouge: "Il n’y a pas de raisons sécurisées que ce soit au Burkina Faso au Mali ou au Niger", prévient sur RMC Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française auprès de l'ONU. En 2011, deux Français, avaient été enlevés en plein centre de Niamey, puis tués en territoire malien au cours d'une intervention militaire franco-nigérienne pour les libérer. Plus récemment, en début d'année, une attaque de djihadistes contre l’armée nigérienne à Chinégodar près du lieu du meurtre des humanitaires dimanche, a fait 89 morts. Et un mois plus tôt, une autre attaque contre des soldats de l'armée avait déjà fait 71 morts
"Ces attaques-là contribuent très sensiblement à déstabiliser le pouvoir central. Une attaque à 60 kilomètres de Niamey, cela veut dire que cela s’approche de la capitale. C’est un signe dangereux, c’est une situation de turbulence très grande", déplore André Bourgeot.
Car le Niger est très dépendant des ONG. Dans ce pays très pauvre qui se trouve au milieu d'une zone désertique, les associations humanitaires ont un rôle important. Et ce drame pourrait nuire à l’avenir du pays : "Compte tenu de ce qu’il vient de se passer, les associations humanitaires pourraient être poussées à reconsidérer leur présence dans le pays. Or cette présence à une valeur ajoutée à l’action publique compte tenu de la faiblesse des moyens de l’Etat qui a du mal à subvenir aux besoins souvent élémentaires des populations nigériennes. Priver le Niger de ces organisations serait une double peine pour le pays", déplore Seidik Abba.