Iran: condamnée à 74 coups de fouet pour ne pas avoir porté le voile, Roya Heshmati témoigne

En Iran, Roya Heshmati a été condamnée à 74 coups de fouet pour avoir posé en photo sans porter un voile. Elle témoigne sur les réseaux sociaux et reçoit de nombreux messages de soutien.

Une Iranienne a reçu 74 coups de fouet. Elle s'appelle Roya Heshmati. C’est une militante, contre le régime des mollahs, contre le port obligatoire du hijab, et pour la cause de la minorité kurde. En avril dernier, elle a publié une photo d’elle, posant sans voile sur un grand boulevard de Téhéran. Elle a alors été arrêtée, jugée et condamnée à une lourde peine de prison et à 74 coups de fouet. Elle a fait appel, la peine de prison a été effacée mais pas la peine de flagellation. Le tribunal l’a jugée coupable d’atteinte aux mœurs publique et d'avoir encouragé la permissivité en sortant de manière ignoble, c'est-à-dire tête nue, dans des endroits très fréquentés de Téhéran.

Finalement, elle a été convoquée mercredi dernier pour l'exécution de la peine. Elle s’est rendue avec son avocat au bureau du procureur du secteur 7 de Téhéran, sachant ce qu’il l’attendait. La suite, elle a tenu à le raconter en détails. Sur sa page Facebook, elle précise qu’elle s’est présentée devant les juges et les policiers sans porter son hijab. On l’a alors avertie que sa peine pourrait être alourdie, mais elle a tout de même refusé de se couvrir la tête.

Un nouveau symbole

Ensuite, on l’a fait descendre à la cave, dans une pièce qu’elle décrit comme une chambre de torture médiévale. Elle a dû enlever son manteau. Le juge lui a curieusement demandé: "Est-ce que ça va?". Et elle n’a rien répondu. Puis elle raconte: "Il a commencé à me fouetter les épaules, le dos, les hanches, les cuisses, les jambes. Je n’ai plus compté le nombre de coups. Je chuchotais une chanson qui dit: ‘Au nom de la femme, au nom de la vie, au nom de la liberté. Notre nuit noire s’est levée’."

En racontant tout cela sur les réseaux sociaux, avec des photos d’elle sans hijab, la jeune femme a pris le risque de subir d’autres persécutions. Mais pour l’instant, c’est surtout son courage qui est salué et ses messages qui sont relayés. Il y a même eu des rassemblements de soutien. Roya Heshmati est en train de devenir un nouveau symbole en Iran, 16 mois après le début de la révolte des femmes qui avait suivi la mort de Masha Amini, cette jeune kurde de 22 ans qui était morte sous les coups des policiers pour avoir mal porté son voile…

Nicolas Poincaré