Iran: une adolescente meurt dans des circonstances floues, la police des mœurs pointée du doigt

La mort d’une adolescente en Iran réveille à nouveau les tensions autour du port du voile. Il y a un peu plus d'un an, Masha Amini, une Iranienne de 22 ans, était morte en détention après avoir été arrêtée par la police des mœurs. Elle avait enfreint les règles vestimentaires imposées aux femmes et notamment le port obligatoire du voile. Sa mort avait ému le monde entier, et déclenché un vaste mouvement de protestation.
Une nouvelle histoire ces derniers jours est en train de réveiller ces tensions. Cette fois, c’est une lycéenne de 17 ans qui est morte après un mois passé dans le coma pour des raisons encore floues.
On sait juste qu’elle a été retrouvée inanimée dans le métro. Une vidéo circule sur les réseaux sociaux où des images de caméras de surveillance montrent que la jeune fille ne portait pas de voile.
Chute de tension selon les autorités, agression pour les ONG
Les autorités affirment qu’elle a été victime d’une simple chute de tension. Les médecins, eux, ont constaté une lésion cérébrale consécutive à une chute. Pour les ONG, c’est bien une agression qui a provoqué ces graves blessures. Une agression venue à nouveau des agents de la police des mœurs.
L'adolescente a été enterrée ce lundi, lors de funérailles très surveillées par la police. Une avocate a été arrêtée, juste après l’enterrement. Nasrin Sotoudeh, avocate connue mondialement pour son combat pour les droits des femmes, a été interpellée avec de nombreux autres participants, a témoigné son mari, qui ajoute qu’elle a été violemment battue. Le régime iranien a fait savoir qu’elle a été arrêtée pour ne pas avoir porté le voile, et pour avoir "perturbé la sécurité mentale de la société".
Nasrin Sotoudeh a 60 ans. Elle a consacré sa vie aux droits des femmes. En 2012, le Parlement européen lui décerne le Prix Sakharov. Elle est alors en prison. Depuis, elle a été à nouveau incarcérée plusieurs fois, pour avoir défendu une femme qui avait retiré son voile et pour avoir "encouragé la débauche". Lundi soir, son mari a indiqué qu’elle était toujours en détention, et qu’elle a entamé une grève de la faim.