Iran, littérature française, Ukraine... Qui est Rafael Grossi, le patron du nucléaire à l'AIEA

Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) arrive en Iran, mercredi, et l’agence de l’ONU entre avec lui dans le cycle de discussions indirectes qui vient de reprendre entre Washington et Téhéran. Le président américain Donald Trump avait sorti les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien lors de son premier mandat. L’enjeu est désormais d'obtenir un accès réel et faciliter les inspections des sites nucléaires de l'Iran par l’AIEA.
Le pays serait proche d’être capable de fabriquer une bombe atomique. En 2021, Téhéran a débranché des caméras de surveillance et retiré l'accréditation d'un groupe d'experts. Dans ce contexte tendu, Rafael Grossi a rappelé son indépendance: "Je n’ai pas de tendances politiques, les jugements de l’agence se fondent uniquement sur des données techniques."
Ancien ambassadeur de l'Argentine en Europe
Ce diplomate argentin de 64 ans est un habitué des visites à haut risque. Il compte déjà plusieurs déplacements à Zaporijia, en Ukraine, depuis 2022. Il s'agit de la plus grande centrale nucléaire d’Europe. Sa présence sur la ligne de front a été une grande préoccupation de l'AIEA.
Rafael Grossi y est allé pour rencontrer des techniciens ukrainiens, parfois escorté de troupes russes. Il n'hésite pas à se rendre sur le terrain. Ce qui lui vaut de faire l’unanimité. L'Argentin avait notamment été acclamé à sa réélection à la tête de l’AIEA.
Docteur en relations internationales, Rafael Grossi a été formé à Genève, en Suisse. Il a d'abord été ambassadeur d'Argentine au cœur de l’Union européenne, en Autriche, Slovénie et Slovaquie. Il est ensuite devenu le premier sud-américain à diriger l’AIEA.
Pas un spécialiste du nucléaire
L'Argentin n'est pas un spécialiste de l'atome ni un ingénieur nucléaire ni même un scientifique. Mais la diplomatie est un élément important à la tête de cette agence de l’ONU. Elle se révèle même essentielle quand les interlocuteurs sont par exemple la Russie, l'Iran ou la Corée du Nord. Rafael Grossi connaît également très bien les traités en détail, ainsi que leurs nuances.
Ce qui séduit chez Rafael Grossi, c’est son style. Il s'agit d'un homme discret et omniprésent à la fois. Ces collaborateurs disent de lui qu'il est calme, rigoureux et audacieux. Il n’est pas technicien, mais enfile volontiers des blouses bleues ou des gilets fluos pour emmener les caméras dans les centrales.
Le directeur de l'AIEA est également un amoureux de la langue française, qu'il maîtrise couramment comme tout bon diplomate. Il cite souvent la littérature, le théâtre et le cinéma français. Rafael Grossi parle 5 langues différentes.