Iran: pourquoi Israël a choisi ce vendredi 13 juin pour lancer des frappes massives?

Israël a bombardé plusieurs sites nucléaires sur le territoire iranien, dans la nuit de jeudi à vendredi, et tué plusieurs dirigeants du pays. L'armée israélienne a choisi de passer à l'action parce qu'elle estimait que l'Iran s'approchait "du point de non-retour" vers la bombe atomique.
En quelques semaines, selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), la République islamique d’Iran aurait pu disposer de la matière fissile nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique, c'est-à-dire de l’uranium suffisamment enrichi.
L'AIEA surveillait de près l'Iran
L’Iran enrichit déjà l’uranium à 60 %. Le seuil pour le nucléaire civil est à 3,67%. Une bombe nucléaire requiert en général 25 kg d’uranium enrichi à 90%. L'Iran était donc tout proche d'être en capacité de construire une bombe. Même si de nombreuses installations sont souterraines, Israël a voulu frapper en urgence. L’Etat hébreu y voit là une menace existentielle.
De son côté, l'Iran dément vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran affirme que son programme est strictement civil. Mais les doutes sont nombreux. Depuis 2021, le pays a débranché des caméras de surveillance et limité l’accès de l’AIEA à ses installations. Cette semaine encore, Rafael Grossi, le directeur de l'agence spécialisée répétait que l’Iran restait sous surveillance et que l’urgence était à son comble:
"Lorsque vous enrichissez et continuez d'enrichir, et que vous êtes le seul pays du monde à faire cela à un niveau très proche de celui nécessaire pour avoir l'arme nucléaire, alors nous ne pouvons pas l'ignorer."
Il y a 10 ans pourtant, l’Iran avait accepté de jouer le jeu de la coopération internationale. En 2015, un accord historique avait été signé entre l’Iran et les grandes puissances. En échange d’une levée des sanctions, l’Iran s’engageait à limiter drastiquement son enrichissement et son stock d’uranium.
Mais en 2018, Donald Trump dénonce un accord jugé trop laxiste signé sous Barack Obama. Les Etats-Unis sortent de l’accord et depuis, l’Iran n’a eu de cesse de développer et de relancer son programme nucléaire. Depuis, les tentatives renégociation ont échoué. Un nouveau cycle de discussions devait s’ouvrir dimanche, mais les frappes israéliennes, ce vendredi matin, changent sûrement la donne.
Une riposte est-elle possible ?
L’Iran promet de riposter. Le pays est affaibli car il a perdu beaucoup de missiles et de drones dans ses attaques contre Israël ces derniers mois. Les défenses antiaériennes iraniennes sont en partie neutralisées.
Mais preuve que la République islamique d'Iran reste une menace, ces derniers jours, le département d’État américain a ordonné l’évacuation du personnel non essentiel des ambassades des pays alentours (Irak, Bahrein, Koweit…).
Les Iraniens peuvent également s'appuyer sur ses alliés, comme le Hamas, le Hezbollah au Liban, les milices chiites en Irak ou encore les Houthis au Yemen. Téhéran a également la capacité de viser directement Israël, avec ses missiles balistiques ou ses drones kamikazes, dont certains peuvent atteindre une cible à 2.000 km.