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"Je me méfie": au Liban, l'espoir fragile d'un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël

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Un accord sur un cessez-le feu semble imminent entre le Liban et Israël. Le cabinet de sécurité israélien doit se prononcer ce mardi soir sur les suites de la guerre contre le Hezbollah libanais. En attendant, les frappes de Tsahal s'intensifient: 31 personnes ont été tuées lundi dans des bombardements de l'armée israélienne sur le Liban.

Un accord vers un cessez-le feu entre le Hezbollah et Israël, au Liban, se dessine enfin. Si les responsables libanais et israéliens s'avancent le plus sur l'imminence de l'accord, les Etats-Unis appellent à la prudence et estiment qu'un tel accord "est proche". La France elle, parle d'"avancées significatives" et appelle Israël et le Hezbollah à se saisir "au plus vite de cette opportunité".

Le cabinet de sécurité israélien pourrait se prononcer ce mardi soir sur un cessez-le-feu. S'il est scellé, il se base sur un projet d'accord américain: il prévoit le retrait de l'armée israélienne et du Hezbollah du Sud-Liban, pour laisser l'armée régulière libanaise s'y déployer dans un délai de 60 jours.

Cinq pays, dont la France, chargés de veiller au respect du cessez-le-feu

D'après le vice-président du Parlement libanais, l'accord prévoit aussi la mise en place d'un comité de cinq pays chargés de veiller au respect du cessez-le-feu. Un comité présidé par les Etats-Unis, dont la France ferait bien partie. La constitution de ce groupe de surveillance a été l'un des points de crispation de l'accord, tout comme le calendrier de retrait des troupes israéliennes, et du retour des populations déplacées.

Pour les Libanais, ce cessez-le-feu c'est l'espoir du silence avec la fin des bombardements, du fracas des bombes et du bourdonnement des dornes israéliens. "Depuis deux mois, on n'entend que ça", souffle Leila, qui a fui Nabatieh dans le sud pour rejoindre Beyrouth.

"S'il y a un cessez-le-feu, le lendemain, je vais dans le sud, pour m'assurer que mon appart est encore debout, avoir la joie de revoir mon quartier et retourner dans ma terre. J'y crois, je veux que ça marche, mais je me méfie parce qu'il y a toujours des surprises", assure-t-elle à RMC.

Israël ne s'interdit pas de bombarder le Sud-Liban malgré un futur accord

La méfiance écrase les espoirs de calme pour Nicolas, qui vit près de la banlieue sud de Beyrouth, pilonnée depuis des semaines. "Ça n'arrête pas, je ne crois pas dans la paix de ces gens-là, ils veulent conquérir", estime-t-il.

L'objectif d'Israël était d'anéantir le Hezbollah mais le groupe armé vit toujours, souligne Sébastien Boussois, spécialiste du Moyen Orient, qui précise: il ne s'agit pas de paix à long terme mais d'un statu quo fragile: "Avec peu de retour de la diplomatie pour régler le problème de fond, tous les ferments sont toujours présents pour qu'il y ait à un moment ou un autre dérapage".

Israël a déjà prévenu, par la voix de son représentant aux Nations unies: l'Etat hébreu conserve la possibilité de frapper le sud du Liban, même en cas d'accord. Au sein du gouvernement israélien, l'idée ne fait pas que des émules. Un cessez-le-feu serait "une grosse erreur" selon le ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir. Et en attendant la paix, Israël continue de bombarder le Liban. Les frappes aériennes de Tsahal ont fait 31 morts sur la seule journée de lundi.

Hélène Terzian et Marion Gauthier avec Guillaume Dussourt