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"Je pense sérieusement quitter le pays": après l'attaque xénophobe à Hanau, la montée de l'extrême droite inquiète les Allemands d'origine étrangère

Après l’attaque de mercredi en Allemagne qui a fait 9 morts, une cérémonie d’hommage aux victimes était organisé ce jeudi à Hanau. En présence de nombreux responsables politiques, la cérémonie a réuni des milliers de personnes sur la Markt Platz, la place principale de la ville.

"Nous ne céderons pas un millimètre à ceux qui veulent nous désunir": déclaration ce jeudi soir du Premier ministre régional Volker Bouffier, lors d’une cérémonie à Hanau en hommage aux victimes des deux fusillades qui ont fait 9 morts mercredi.

Le suspect a été retrouvé mort ce jeudi matin à son domicile, avec le corps de sa mère à côté de lui. Selon les premiers éléments de l’enquête, Tobias R., 43 ans, a posté une vidéo portant des propos xénophobes et conspirationnistes. C’est l’unique suspect selon les enquêteurs. La chancelière allemande Angela Merkel avait auparavant dénoncé "le poison" du racisme.

"Depuis l’attaque, je ne vois plus l'Allemagne comme mon pays"

Dans la ville de Hanau, 98.000 habitants, le choc était encore très fort ce jeudi parmi les habitants. La cérémonie d’hommage, en présence de nombreux responsables politiques, a réuni des milliers de personnes sur la Markt Platz, la place principale de la ville.

Cette attaque n'est pas la première attaque d’extrême droite dans le pays. En juin dernier, un haut fonctionnaire territorial avait été tué par un militant d’extrême droite car il soutenait l’accueil des réfugiés.

Et le 14 février dernier, 12 suspects de nationalités allemande avaient été arrêtés, soupçonnés d'avoir planifié des attentats contre des mosquées. Pour les allemands d’origine étrangère vivant à Hanau, cette nouvelle attaque complique encore un peu plus la situation.

Au pied des tours d’immeubles, Faro se recueille sur les lieux de la fusillade. Arrivée d’Afghanistan à l’âge de 3 ans, elle est dévastée par le drame et bouleversée car le tireur habitait à deux pas de chez elle.

"Je n’avais jamais imaginé qu’une telle chose puisse arriver ici. Je me sens Allemande, l’Allemagne a toujours été mon pays. Mais pour être honnête, depuis l’attaque, je ne la vois plus comme mon pays".

"Nous ne sommes pas intimidés"

C’est l’attaque xénophobe de trop pour cette agente immobilière enceinte de 9 mois: "Le racisme monte et monte. Je pense sérieusement quitter ce pays et je n’avais jamais imaginé penser cela un jour".

A Markt Platz, au centre-ville, des milliers de personnes se rassemblent pour une cérémonie d’hommage aux victimes. Des bougies, des pancartes, et des chants anti fascistes. Dans la foule Tristan, étudiant franco-allemand de 23 ans, inquiet de la montée de l’extrême droite: "C’est absolument affolant, surtout en Allemagne. C’est pour ça que c’est important de montrer qu’on est là. Ça donne un peu les larmes aux yeux".

Et ils sont nombreux à avoir les larmes aux yeux devant le discours du président de la République Fédérale, qui lance: "Nous ne sommes pas intimidés".

Reportage à Hanau de Nicolas Traino et Romain Cluzel (avec C.P.)