"L'Allemagne s'effondre, essayons l'AFD": vers une percée de l'extrême droite aux législatives

Plus que deux jours avant les élections législatives en Allemagne de dimanche, qui doivent déterminer le nouveau gouvernement du pays, après la chute de la coalition "tricolore" de centre-gauche (verts, sociaux démocrates et libéraux) en novembre. Le chancelier Olaf Scholz avait alors convoqué des élections anticipées.
Bien que les conservateurs (CDU) sont donnés largement favoris, emmenés par Friedrich Merz, l'un de ces grands gagnants de ces élections pourrait bien être l’extrême droite. L’AFD arriverait en effet en deuxième position avec 21% des voix selon les derniers sondages, contre 10,3 % des voix en 2021. Il est également soutenu par l'administration Trump et notamment Elon Musk, qui ont érigé le slogan "Make Europe Great Again".
L'extrême droite très populaire dans l'ex-RDA
Le parti prospère particulièrement dans l’ex-Allemagne de l’est (RDA) où il bat des records avec jusqu’à 30% des intentions de vote. Une croissance poussée par la question migratoire, thème central de ces élections après plusieurs attaques liées à des suspects étrangers dans le pays ces derniers mois.
La peur du déclin y est encore très présente et certains électeurs basculent à l'extrême droite, comme c'est le cas à Magdebourg, où a eu lieu l'attentat à la voiture-bélier en décembre perpétré par un médecin saoudien et qui a fait cinq morts. Sous les cheminées des vieilles manufactures, des supermarchés discounts et l’angoisse des fins de mois vont pousser Jennifer, 26 ans, à voter pour la première fois pour l’AFD, comme son amie Marie.
L’extrême droite a réussi à séduire ces jeunes abstentionnistes : "J'espère qu’ils vont baisser les impôts parce que je ne veux pas travailler juste pour payer mes factures. Tout augmente et sur ce point, L’AFD a un bon programme", dit Jennifer auprès de RMC.
"Je n'ai rien contre les immigrés"
"La criminalité a augmenté. Moi je n’ai rien contre les immigrés. Vous pouvez tous venir en Allemagne si vous le souhaitez mais allez travailler et payer des impôts comme moi, et adaptez-vous à la société", plaide Marie, encore sous le choc de l’attaque qui a endeuillé Magdebourg il y a 2 mois et qui a renforcé sentiment d’insécurité et rejet de l’immigration agité par l’AFD.
Au pied de l’imposante cathédrale dans le centre-ville, Enrico, un chauffeur poids lourd déçu par la droite, exprimera son mécontentement dimanche avec un vote AFD. "Les autres partis avaient largement le temps de faire quelque chose mais pourtant, l’Allemagne s’effondre. Essayons avec l’AFD pour 4 ans et si ça ne marche pas, on les dégage!", avance-t-il.
"On a pourtant déjà essayé l’extrême-droite", rétorquent de nombreux autres électeurs, en grimaçant et écoeurés par les références au nazisme et le négationnisme du parti d’extrême droite.
Aux élections européennes de juin 2024, les 16-24 ans ont d'abord voté pour le parti conservateur (17%) en tête dans leur tranche d'âge comme dans l'ensemble de la population, devant le parti d'extrême doite AfD, rappelle l'AFP. Lors de trois élections régionales dans l'est du pays, à l'automne 2024, l'AfD a nettement progressé chez les 18-24 ans au détriment des Verts, selon l'institut Infratest dimap.