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L'armée algérienne et des partis lâchent Bouteflika: pourquoi la population reste méfiante

Le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, a proposé mardi qu'Abdelaziz Bouteflika soit reconnu inapte à gouverner. La population mobilisée depuis plus d'un mois ne peut s’empêcher de se méfier.

Abdelaziz Bouteflika va t-il être reconnu inapte à gouverner ? C'est en tout cas ce qu'a proposé mardi le chef d'état-major de l'armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, considéré comme l'un des personnages les plus puissants du pouvoir algérien.

Dans une allocution, il a demandé, que "pour sortir de la crise", soit appliqué l'article 102 de la Constitution algérienne. Une procédure prévue quand le président de la République "se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, pour cause de maladie grave et durable."

Le Rassemblement national démocratique (RND), principal allié du parti (FLN) d'Abdelaziz Bouteflika, a également demandé mardi la démission du président algérien.

"Si on applique la Constitution et cet article 102, c'est le président du Sénat qui va diriger la transition"

C'est maintenant au conseil constitutionnel de lancer la procédure, permettant de déclarer le chef de l'Etat inapte à ses fonctions. Mardi encore, des étudiants sont descendus dans la rue pour réclamer le départ de leur président au pouvoir depuis 1999, comme l'expliquait sur RMC ce mercredi matin Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, principal quotidien francophone algérien. 

Une annonce surprise, plus d'un mois après le début d'une contestation populaire inédite, mais qui pourrait ne pas être à la hauteur des attentes de la rue. L'annonce a surpris tous les Algériens. Cet article de la constitution vise à déclarer Abdelaziz Bouteflika inapte à gouverner.

Les appels à manifester se poursuivent

Mais même si le conseil constitutionnel décidait d'enclencher cette procédure, la rue ne serait pas calmée pour autant. C'est ce que pense Brahim Oumansour, chercheur associé à l'Iris, spécialiste du Maghreb.

"Si on applique la Constitution et cet article 102, c'est le président du Sénat qui va diriger l'après-Bouteflika, alors que la population demande de nouvelles figures, un changement de visages."

Et preuve que cette déclaration semble bien insuffisante aux manifestants, les appels à se rassembler nombreux ce vendredi, fleurissent déjà sur les réseaux sociaux.

Marie Régnier (avec James Abbott)