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La poussée de l'extrême-droite en Bavière: "Les étrangers arrivent et on leur donne tout"

L'AfD devait entrer, dimanche, au Parlement régional d'un des plus grands Länder d'Allemagne, la Bavière. La CSU, le parti chrétien-social, petite sœur du parti de Merkel, la CDU, devrait subir une défaite cuisante historique.

Après un succès historique aux dernières élections fédérales et l’entrée de 92 députés au Bundestag, l’AfD continue de grignoter le territoire allemand alors que le parti n’a derrière lui que 5 ans d’existence. Le scrutin législatif qui se déroule ce dimanche en Bavière devrait en être l’exemple.

A Deggendorf, ville moyenne à une heure de la frontière tchèque, la bête noire de la CSU est une mère de famille de 40 ans, Katrin Ebner-Steiner, candidate AfD en Bavière. Dans le programme qu’elle distribue, le discours est clair: stopper l’islamisation et mieux contrôler les frontières. "Nous voulons défendre les valeurs chrétiennes, ce sont nos racines. Et aujourd’hui elles sont menacées par l’islamisation de notre territoire. Tous ces réfugiés qui arrivent entraîne beaucoup de problèmes en Allemagne" argumente-t-elle.

"Les partis traditionnels nous ont oubliés"

Dans cette commune, l’économie est florissante, le taux de chômage est au plus bas et pourtant l’AfD y a enregistré son plus haut score l’an dernier, près de 20% des voix. Preuve que le parti d’extrême droite a déjà son lot d’électeur comme Roland, retraité: "On a l’impression que les partis traditionnels nous ont oubliés". Même son de cloche pour Annelore pour qui le principal responsable de son vote est tout désigné: "Nous on paye, on paye, on paye. Les étrangers arrivent et on leur donne tout".

Les Verts, autres gagnants du scrutin ?

A la terrasse d’un café voisin, Yan, n’accorde pas un regard aux militants de l’AfD. Ces derniers espèrent faire plus de 20% dimanche. Yan préfère en sourire et ne pas y croire: "Je pense qu’ils ne vont pas y arriver. Et si jamais, c’était le cas, les gens descendraient dans la rue pour manifester". Dimanche, il votera pour les Verts, présumées eux aussi comme les autres gagnants du déclin de la CSU.

Le parti d’extrême-droite a déjà envoyé des députés dans 14 des 16 Parlements régionaux. Les derniers sondages le créditent de 14% des voix en Bavière. Une cuisante défaite de la La CSU, à la tête de ce Land depuis plusieurs dizaines d’années, est donc pressentie.

Juliette Droz et Baptiste Keita