Liban: après les explosions de bipeurs et de talkies-walkies, la crainte d’une nouvelle guerre

Plus que des bruits de bottes… Israël et le Hezbollah semblent se préparer à une nouvelle guerre. Après les explosions de bipeurs et de talkies-walkies au Liban, la prise de parole du chef du Hezbollah était très attendue ce jeudi. Et elle a rempli sa promesse de surenchère. Va-t-on connaître une guerre de plus forte intensité? Hassan Nasrallah a d’abord reconnu le coup dur, mais promis la vengeance. L’aveu de faiblesse avant de reprendre sa rhétorique guerrière. Le chef du Hezbollah démontre déjà qu’il n’a pas été touché par ces explosions mardi et mercredi, alors que certains se posaient la question.
On en sait plus aussi sur cette attaque inédite imputée à Israël, qui ne confirme, ni ne dément. Le New York Times parle d’une opération "Cheval de Troie" des temps modernes. Dès 2022, c’est Israël qui aurait fourni le Hezbollah et produit ces bipeurs truffés d’explosif PETN, plus sensible que le TNT. Evidemment, l’organisation islamiste n’en savait rien… On a parlé de l’entreprise Gold Apollo à Taiwan cette semaine, de la société hongroise BAC, de l’industriel japonais Icom… En fait, l’Etat hébreu aurait usé d’un ingénieux système de sociétés écrans pour dissimuler sa trace.
L’été dernier, alors que le Hezbollah se méfiait de ses smartphones, les livraisons de bipeurs avaient déjà commencé, et elles se seraient accrues, dit le New York Times. Le piège se refermait. Il faudra un jour s’interroger sur le mode opératoire, dont le bilan est de 37 morts et près de 3.000 blessés. Hassan Nasrallah a promis l’ouverture d’une enquête interne sur cette attaque inédite. Mais plus que d’enquête interne, c’est bien de guerre dont on parle. "Le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", dit-il. La réponse israélienne ne s’est pas fait attendre. En fait, elle était même simultanée, façon provocation. L'aviation israélienne a franchi le mur du son, au-dessus de Beyrouth, pendant le discours du dirigeant islamiste.
Le Liban, pays désagrégé
Mercredi, le ministre israélien de la défense affirmait que le centre de gravité de la guerre "se déplace" vers le nord. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas là du Hamas, caché dans des souterrains de Gaza. Mais d’une armée qui peut frapper jusqu’au sud d’Israël avec ses 150.000 roquettes et missiles, 20.000 à 50.000 combattants selon les sources, peut-être plus. Des chars russes, des milliers de drones iraniens, des systèmes mobiles antiaériens… Une organisation dont l’expertise s’est accrue, par sa participation notamment à la guerre en Syrie.
Le Hezbollah, c’est un des bras armés de l’influence de Téhéran. On connaît les acteurs de la galaxie iranienne. Le Hamas donc, les Houthis au Yémen qui ont visé des navires dans la mer Rouge ces derniers mois, des groupes armés, des milices en Syrie, en Irak. Et donc le plus dangereux, le Hezbollah. En Iran, les Gardiens de la Révolution affirmaient ce jeudi qu’Israël connaîtrait "une réponse écrasante du front de la résistance".
Mais le Liban, ce n’est pas que le Hezbollah. Aujourd’hui, c’est un pays désagrégé, particulièrement depuis l’explosion du port de Beyrouth en 2020, mais même avant. Effondrement bancaire, décrépitude politique totale… Le pays est en banqueroute, sa classe politique est en faillite. En revanche, les Libanais sont bien là, spectateurs pris en étau. Sans parler de la psychose… Ces dernières heures, on se méfie de tous les appareils électroniques.
La communauté internationale s’inquiète. Le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit ce vendredi, en urgence. Des deux côtés de la frontière, les civils évacuent, s’ils ne l’avaient pas déjà fait. Connue pour avoir participé aux combats les plus durs de ces derniers mois, la 98e division de l’armée israélienne a quitté Gaza et remonte désormais vers le Liban.