Liban: des réfugiés en colère, "certains sucent le sang des gens et profitent de la situation"

Pour la quatrième journée consécutive, l'armée israélienne a mené des dizaines de frappes au Liban ce jeudi. Selon elle, 75 objectifs militaires du Hezbollah ont été visés. 92 personnes sont mortes et 153 autres ont été blessés sur la journée, selon le bilan du ministère libanais de la Santé. De son côté, le Hezbollah indiqué avoir tiré une centaine de roquettes sur les villes de Safed et Haïfa dans le nord d'Israël.
Alors que la France et les Etats-Unis ont appelé ce mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" pour "donner une chance à la diplomatie", Benjamin Netanyahu a assuré que Tsahal poursuivrait son combat contre le Hezbollah "avec toute la force nécessaire". Emmanuel Macron a estimé que ce serait "une faute" de refuser ce cessez-le-feu. La France s’oppose à ce que le Liban "devienne un nouveau Gaza" a déclaré le président de la République, lors d'un voyage au Canada.
Des prix qui explosent
En attendant, la situation s'aggrave pour les Libanais, avec plus de 700 morts et 90.000 personnes qui ont été déplacées depuis lundi selon l'ONU. C'est le plus grand déplacement de population depuis 2006 et la guerre des 33 jours. Les déplacés du sud du Liban s'installent à Beyrouth, comme ils peuvent.
Mohammed et sa famille ont sauté dans leur voiture et sont partis, sans rien. Pas un sac et des heures de route à six, avec un bébé. A l'arrivée à Beyrouth, c’est le début d'une longue errance. "J'ai tourné pendant 10 heures, je suis allé voir dans tous les coins de la ville, raconte-t-il au micro de RMC. La première nuit, nous avons fini par dormir dans la voiture. Et finalement le lendemain, j'ai trouvé une école où s'installer."
Quelques matelas et des dons pour manger. Le père de famille se raidit: "Je suis tellement en colère, je me sens impuissant. Les gens riches vont dans les hôtels, les gens sans moyens comme moi vont dans les écoles".
"Mon cœur restera au Liban"
Devant les hôtels, défilent encore les familles qui cherchent une chambre. Tout est complet ou hors de prix, fulmine Ali: "Certains sucent le sang des gens et profitent de la situation. Un appartement qui valait 400 dollars avant, ils le proposent aujourd'hui à 2.000! Et il faut payer quatre mois d'avance".
A 21 ans, le jeune homme est accroché à son téléphone, dans l'attente de nouvelles de ceux qui ont voulu rester dans son village. Son père appelle: "Il y a un raid aérien, des avions au-dessus de nos têtes". Un au revoir, une prière: "J'espère qu'il restera en vie".
Et un tournant pour Ali: "Moi, je préfère partir, je ne veux pas mourir, je dois construire mon avenir". Il peut payer sa chambre d'hôtel jusqu'au départ de son avion pour la Turquie. Mais "mon cœur restera au Liban", dit-il.